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"On a jeté plus de 5000 litres de lait": le désarroi des agriculteurs après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen

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À la suite de l'incendie de l'usine Lubrizol de Rouen, les produits agricoles sont gelés dans plusieurs dizaines de communes. Des producteurs racontent les litres de lait qu'ils ont déjà dû jeter.

La préfecture de Seine-Maritime a annoncé ce samedi que les productions et récoltes agricoles de 112 communes ne devront pas être mises sur le marché, à la suite des retombées de suie consécutives à l'incendie de l'usine chimique Lubrizol de Rouen jeudi. Une directive suivie sur d'autres communes dans les départements du Nord, de la Somme, de l'Aisne et de l'Oise. Lait, œufs, miel, poissons d'élevage, productions végétales et animales sont concernés. 

"On a eu la consigne de jeter le lait" samedi vers 21 heures, raconte Aline Catoir. A la tête d'un élevage de 60 vaches laitières. Elle a dû jeter plus de 5000 litres de lait, la production de trois jours, dans la fosse à lisier, "une fosse étanche". "C'est là où d'habitude on met les excréments des vaches laitières", explique-t-elle à BFMTV. Elle devra refaire de même ce mardi soir, sauf nouvelles consignes des autorités.

"J'attends qu'un préfet ou un ministre me dise où je dois mettre ce lait. Il faut absolument que je puisse l'incinérer", déclare pour sa part Jean-Hugues Fleutry, producteur de lait, à BFMTV. "Je ne veux pas mettre ça dans mes champs", continue-t-il.

Des indemnités annoncées

Frédéric Dutot, un autre éleveur, a raconté à l'AFP avoir jeté 2500 litres de lait par jours depuis jeudi, ce qui représente une perte quotidienne de 1000 euros pour lui. Il doit en outre puiser dans ses réserves de fourrage pour l'hiver car ses 95 vaches ne peuvent pas sortir. 

Le gouvernement a promis dimanche que les agriculteurs seraient totalement indemnisés pour les denrées jetées. "Financièrement, un mois sans salaire c'est déjà trop, réagit Aline Catoir. Sur les indemnités, c'est encore très flou. Le ministre ne nous a pas annoncé de délais alors que les factures arrivent..."

Le lait pas collecté "tant qu'on n'aura pas les garanties"

Des analyses doivent révéler dans la semaine la toxicité, ou non, des produits agricoles, et déterminer leur possible remise sur le marché. Toute production agricole est gelée depuis le 26 septembre. 

"Les agriculteurs sont inquiets (...) La priorité est d'effectuer ces prélèvements pour lever le doute. Il peut y avoir des métaux lourds, des dioxydes, du plomb donc le principe de précaution s'applique pleinement", a déclaré le préfet de l'Oise, Louis Le Franc, à l'AFP. "La collecte effectuée devra se maintenir et les produits collectés depuis le 26 septembre devront ensuite être détruits", a-t-il rappelé.

"Le consommateur peut être rassuré, le lait ne sera pas collecté par les laiteries dans cette zone tant qu'on n'aura pas les garanties qu'il n'y a pas de produits dangereux ou toxiques qui ont pu aller dans le lait", assure à BFMTV Philippe Levavasseur, vice-président du syndicat agricole FNSEA Seine-Maritime.

Salomé Vincendon