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Mondial 2018: vos pensées magiques et vos superstitions pour assurer la victoire de la France

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- - Damien MEYER / AFP

Alors que l’équipe de France s’apprête à disputer sa troisième finale de Coupe du monde, les supporteurs des Bleus mettent en place leurs rituels, supposés garantir la victoire aux hommes de Didier Deschamps.

"Je ne fais jamais de pronostic, parce que je suis superstitieux". En pleine conférence de presse jeudi lors du sommet de l’Otan à Bruxelles, Emmanuel Macron a eu droit à sa petite question sur la finale de la Coupe du monde qui approche. Une superstition partagée par de nombreux Français, dont certains vont jusqu'à mettre en place de véritables stratagèmes pour être certains que les Bleus battront la Croatie dimanche. La preuve.

"J’ai interdit le Tous Ensemble de Johnny dans mon bar"

Matthieu, 34 ans, patron de bar (Sainte-Cécile, Pas-de-Calais).

"Ma superstition, c’est de ne jamais diffuser, ni chanter, ni écouter la chanson de Johnny Hallyday Tous ensemble, celle de 2002. Pour moi, c'est le symbole de la lose complète. En 2002, on devait garder notre titre mondial, ça passait tout le temps à la radio, et on s’est planté. Dans mon bar, le soir de la finale de l’Euro 2016, je repasse quand même cette chanson, juste avant les prolongations. Et derrière, on perd le titre. Un de mes clients m’avait prévenu: "Non, ne passe pas ça, tu vas nous porter malheur". Je sais que c’est con, et qu’on ne perd pas à cause de ça. Mais je me redis de temps en temps dans ma tête que si je n’avais pas passé ce morceau, peut-être que Gignac aurait marqué et pas tiré sur le poteau. Je crois qu’on l’a aussi passé avant la finale de Marseille en Ligue Europa. Cette chanson est bannie, plus encore que Céline Dion ou Christophe Maé. Si quelqu’un se met à la chanter je l’arrête tout de suite, c’est la chanson porte-malheur. Je n’ai rien contre Johnny: avec un petit coup dans le nez, on peut écouter L’Envie, ou Allumez le Feu. Mais quand on met, ça il faut surveiller la lecture aléatoire… Les habitués le savent, et ils sont d’accord avec moi".

"Je ne suis plus qu’en bleu-blanc-rouge"

Ophélie, 31 ans, journaliste (Paris).

"A l’Euro 2016, j’étais à Marseille pour le quart de finale Portugal-Pologne. Je soutenais la Pologne, et un peu par hasard j’étais habillée en rouge et blanc. Evidemment, mon équipe a perdu, donc je l’ai très mal vécu et j’ai commencé à me dire que, peut-être, ça ne portait pas forcément chance. J’ai refait un essai lors de la finale du Top 14 en 2017, avec Clermont en finale. Mais cette fois, j’ai décidé de ne pas porter la poisse à mon équipe, on a déjà suffisamment perdu en finale. Du coup je ne portais ni bleu, ni jaune. Et Clermont a gagné, donc je me suis dit ‘tiens, en fait il ne faut pas que je porte mes couleurs’. Lors du premier match des Bleus, contre l'Australie, je n’ai pas fait du tout attention, j’étais habillée en bleu-blanc-rouge, par hasard. Depuis, j’alterne mes jeans bleus, mes chinos rouges, mes vestes blanches, et je ne suis plus qu’en bleu-blanc-rouge. Heureusement, j’ai un gros dressing, j’arrive à tourner. Si je ne respecte pas ma règle? Déjà que je ne suis pas très sereine pendant les matchs, là je vais me dire que c’est de ma faute si on perd. Et si je me tache pendant le match, je me changerai. Mais ce sera toujours en respectant le code couleur".

"On frotte une image de Griezmann collée sur mon téléphone"

Mehdi, 27 ans, cadre de la fonction publique (Paris).

"Tout part de l’Euro 2016. J’avais commencé un album Panini, et donc forcément, j’avais des doubles. Dont un de Griezmann, que j’ai collé à l’arrière de mon téléphone. La tradition désormais, c’est qu’à chaque avant-match, avec les copains, on fait ce qu’on appelle 'faire chatter Grizou'. Tu tiens le téléphone dans la main gauche, et tu frottes fort avec l’ongle de l’index de la main droite sur la tête de Grizou. C’est très précis, ça ne se fait pas n’importe comment et pas n’importe quand. Tout le monde doit le faire avant le match, et une fois que c’est fait, on pose le téléphone sur la télé du côté où on attaque, de manière à ce que ce soit toujours du côté où Grizou va attaquer. Normalement on ne le fait qu’une fois. Mais on peut le refaire si on sent qu’on est en difficulté. Pas trop non plus, sinon ça fait l’effet inverse. Je pense que la France peut nous remercier parce qu’à chaque fois on gagne.

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On l'a fait en finale en 2016, mais on a dû mal le faire 'chatter'. On peut nous prendre pour des fous, mais il y a un côté cérémonial. On donne un peu de son âme: toute la force de notre groupe est réunie dans cette image. Je me rends compte que c’est n’importe quoi de vous raconter ça. Mais si on est champions du monde, ce téléphone termine dans une vitrine chez moi".

"On ne regarde jamais deux matchs au même endroit"

Tanguy, 29 ans, journaliste (Le Pecq, Yvelines)

"On regarde tous les matchs avec cinq ou six potes d’enfance. A la base, je ne crois pas aux superstitions. Mais depuis 2014, on s’en est inventé une: on ne regarde jamais deux matchs au même endroit dans la même compétition. On va chez des amis, dans un bar, dans une fan zone, mais on doit toujours trouver un lieu différent. Du coup, c’est compliqué au niveau logistique, ça nous oblige à tout prévoir bien à l’avance. Mais ça vaut le coup parce qu’à chaque fois qu’on l’a fait on a gagné. La finale, on est encore en discussion. On hésite entre le jardin d’une amie dans le 78 et un petit bar parisien. On a contrevenu une seule fois à la règle: pour la finale de l’Euro 2016 contre le Portugal. On l’a vue chez un pote où on avait déjà regardé le quart de finale. Les conditions étaient idéales, parce qu’il faisait super beau, il a un grand jardin, on a fait un barbecue, un ping-pong... Donc on s’était dit 'tant pis, on oublie ça pour une fois'. Résultat des courses, on était tous en larmes après le but d’Eder. Maintenant on est au taquet, s’il le faut on ira dans un PMU, ou je le regarderai seul dans ma chambre, mais hors de question qu’on refasse la même erreur".

"Le même body à chaque match pour ma fille de 9 mois"

Mathias, 30 ans, chauffagiste-frigoriste (Metz).

"A la mi-temps du match contre l’Argentine, en 8e de finale, le score était de 1-1, et on n’avançait pas beaucoup, c’était l’impasse. Ma mère m'avait offert un petit body aux couleurs de la France pour Tara, ma fille de 9 mois. Je me suis dit que ça pouvait être un bon gris-gris, donc je suis allé le lui mettre à la pause. Et il se trouve que la 2e mi-temps a été plutôt pas mal. Depuis, à chaque match, c’est devenu le rituel: je lui mets son petit body, et pour l’instant ça se passe plutôt bien.

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Contre la Belgique, le match avait lieu le soir, donc elle dormait, mais il faisait assez chaud. Donc je lui ai enlevé mais je lui ai laissé à côté d’elle dans le lit. Par contre, je suis obligé de le laver à chaque fois. J’espère que dans 20 ans, les Bleus seront encore en finale: je pourrai lui raconter cette histoire. J’ai déjà mes petites superstitions quand je regarde les matchs du PSG, donc je me suis dit 'pourquoi pas là?'. J’ai un caleçon spécial match, selon la période, je change de maillot et d’écharpe. Avec un ami, les soirs de Ligue des champions, c’est pizza obligatoire. Si on ne le fait pas, généralement ça ne se passe pas bien".

"Moins riche mais plus heureux en pariant contre les Bleus"

Maxime, 26 ans, cadre territorial (Marseille).

"Je suis un grand fan de l’OM. Lors de la saison 2011-2012, où Deschamps est poussé vers la sortie, l’équipe perd tous ses matchs en 2e partie de saison. Pour conjurer ce mauvais sort, je pariais toutes les semaines sur les adversaires de l’OM, je me suis fait un paquet d’argent. L’idée, c’est que si je perds 20 balles mais que Marseille gagne, je vais vite les oublier. Et puis s’il doit se passer ce qui malheureusement se passe, je ne suis pas si perdant que ça dans l’histoire. Depuis les 8e de finale, j’ai donc parié entre 20 et 50 euros sur l’Argentine, l’Uruguay, et la Belgique. Je suis moins riche mais plus heureux! Pour continuer sur cette belle dynamique de perte d’argent, je vais mettre un petit billet sur la Croatie. Mais il va quand même falloir que j’arrête, même avec l’OM, parce que ça va finir par me coûter trop cher. Ma fiancée en a un peu marre, j’ai déjà entendu des 'mais tu vas arrêter tes conneries!'. Est-ce que je peux faire perdre les Bleus si je ne tiens pas mon rituel? Je ne sais pas, parce que je crois qu’il y a une force plus puissante que celle de ma superstition, c’est la force de Didier Deschamps. Son karma doit être meilleur que le mien, je pense que je ne risque pas grand-chose".

"Je ne lave pas mon maillot: il pue mais il sent la victoire"

Thibaud, 22 ans, étudiant en commerce (Bordeaux).

"Depuis le premier match contre l’Australie, je garde le même maillot de l’équipe de France. Je me suis dit tout de suite: 'il va aller au bout celui-là, pourquoi le laver?'. Je suis assez superstitieux à la base, j’aime avoir mes petits trucs, mais là c’est un peu par hasard. L’autre superstition, c’est qu’on garde les mêmes places dans le canapé. Et je peux vous dire que ce sera compliqué d’être à moins de deux mètres de moi, parce que mon maillot pue, il sent le poney, la bière et la transpiration. Après le match contre la Belgique, on a couru comme des idiots sur les quais, et il faisait très chaud. Je vous laisse imaginer… Mais s’il y a la Coupe du monde au bout, je pense qu’on va me pardonner.

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Il a aussi une belle trace de terre sur le devant parce que j’ai tenté un plongeon dans l’herbe après le 4e but de Mbappé contre l’Argentine. Alors oui il sent mauvais, mais surtout, il sent la victoire. Si je le perds, c’est comme si on avait perdu la Coupe du monde. Mais il est au chaud dans la chambre, il ne bougera pas, pas de bêtise avec ça. Et si on gagne, je me demande si je vais le laver. Pourquoi ne verrait-il pas l’Euro 2020? Avec une odeur de bière, il peut rentrer à Wembley pour la finale. Même si à l’aéroport ce sera sans doute plus compliqué".

Antoine Maes