Vente d'antibiotiques: la colère des vétérinaires

Soins d'un veau en Seine-Maritime. Le praticien et l'éleveur sont inquiets du projet de réforme de la délivrance en direct d'antibiotiques. - -
L'intention de limiter les prescriptions d'antibiotiques aux animaux est une pilule qui passe mal chez les vétérinaires. Fait très inhabituel pour cette profession, les praticiens se mobilisent ce mercredi, avant l'examen le 13 novembre d'un projet de loi agricole qui voudrait leur interdire la délivrance des antibiotiques en direct. Il s'agit de lutter contre la "biorésistance", autrement dit la capacité des bactéries responsables des infections à développer des insensibilités aux traitements antibiotiques.
2.000 à 3.000 manifestants attendus à Paris
Avec cette réforme, les éleveurs seraient dès lors contraints de se déplacer en pharmacie pour se procurer ces médicaments. La manifestation, très rare dans ce corps de métier, compte mobiliser "2.000 à 3.000 vétérinaires sur les 10.000" que compte le Syndicat national des vétérinaires d'exercice libéral (SNVEL), selon sa présidente, Anne Daumas. Le cortège devrait s'élancer à partir de 11 heures de la gare Montparnasse pour se rendre devant le ministère de la Santé. Des mouvements de grève sont également prévus partout en France.
Les vétérinaires pratiqueraient déjà l'autorégulation
"Depuis dix ans, la profession des vétérinaires a réduit la prescription d'antibiotiques de 30% alors qu'en médecine humaine on n'a réduit que de 9%", explique Régis Bellenger. Ce praticien installée en Seine-Maritime voit dans la perte de revenus que lui occasionnerait cette réforme une injustice, alors que la profession, selon lui, pratique déjà l'autorégulation.
Le sénateur PS François Patriat, président de la région Bourgogne, soutient également le mouvement, craignant qu'"on stigmatise ici en réalité une profession qui est pourtant, d'après toutes les études et tous les rapports scientifiques, en pointe depuis des années dans la lutte contre l'usage excessif des antibiotiques".
Du côté des éleveurs, la grogne est également perceptible. Ceux-ci invoquent une perte de temps et une mise en danger potentielle des animaux qui nécessitent des soins urgents.