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RER B : après la pagaille, la colère des conducteurs

Selon les syndicats, plus de 800 000 personnes utilisent chaque jour le RER B. C'est deux fois plus qu'il y a 20 ans.

Selon les syndicats, plus de 800 000 personnes utilisent chaque jour le RER B. C'est deux fois plus qu'il y a 20 ans. - -

Après le désordre sur la ligne nord du RER B mercredi soir, la colère monte chez conducteurs de trains qui sont souvent les seuls responsables de la SNCF rencontrés par les voyageurs. « Feignants, incompétents, on sert d’exutoires », confie l’un d’entre eux.

Mercredi soir, deux agents de la SNCF ont été agressés après que des incidents sur les voies ont poussé des milliers de voyageurs à descendre sur les voies paralysant le trafic sur une grande partie de l’Ile-de-France. Un conducteur pris à partie a été visé par un jet de pierre, sans dommage. Un deuxième agent a été quant à lui hospitalisé après avoir été frappé au visage par un passager. Des situations délicates, Joseph conducteur de train sur la ligne du RER B depuis 20 ans en vit tous les jours : « Feignant, incompétent… on sert d’exutoire. On est les seuls agents qu’ils voient. Il n’y a plus de contact lors de l’achat du billet qui se fait sur une machine électronique. Pour les usagers, l’unique responsable qu’ils ont devant eux, c’est le conducteur ».

« S’il arrive un accident, vous êtes mis en examen »

Mercredi soir, environ 50 000 voyageurs ont été paralysés sur le réseau francilien pendant plus d'une heure après une panne de caténaire. En cas d'incident sur la ligne, Jospeh ne peut pourtant rien faire pour débloquer la situation. Il est en plus responsable si des voyageurs s'aventurent sur les rails. « Dans un nœud ferroviaire comme la gare du Nord, il y a des dizaines de voies. C’est extrêmement dangereux. On n’est pas à l’abri d’une catastrophe ferroviaire. Ça rajoute un stress considérable au conducteur. S’il arrive un accident vous êtes mis en examen et vous pouvez être poursuivi pénalement. Nous avons des mouchards sur nos trains. On ne peut pas déroger à ces règles de sécurité ».

« Coincé pendant 1h30, c’est insupportable »

Même s’il n’approuve pas la décision de certains voyageurs mercredi soir de sortir en pleine voies du RER B, Jérôme, qui prend le RER B deux fois par jour, reste néanmoins indulgent : « On peut comprendre quand même que certains voyageurs descendent sur les voies, explique Jérôme. Quand on est coincé pendant une heure et demie, c’est insupportable. Les RER sont bondés. Il n’y a pas de climatisation, pas d’air. On n’est pas dans un train de transport d’animaux… J’en ai ras le bol. Il y a constamment des problèmes, on attend tous les soirs le RER, parfois 1h30. Vis-à-vis des employeurs, c’est problématique. On peut dire une fois qu’il y a eu un problème de train mais tous les jours… »

« Se faire traiter de feignant à 7h alors qu’on est debout depuis 2h »

Même certains conducteurs de train comprennent la colère et la décision des passagers de descendre sur les voies malgré les risques d’accident. « C’était prévisible, relate Fabien Dumas qui conduit le RER B depuis 13 ans. Les infrastructures ne correspondent absolument plus au trafic voyageur actuel. On fonctionne avec des infrastructures des années 80. Ça fait 15-20 ans que le trafic voyageur sur cette ligne-là ne cesse d’augmenter. Il faut que les usagers comprennent que quand ils sont en retard, nous le sommes aussi. Ça nous arrive de nous faire traiter de feignant à 7h du matin alors qu’on est debout depuis deux heures du matin. Tout y passe. On est les seuls représentants de l’entreprise dans le train. Dès qu’il y a du mécontentement, il s’exprime contre nous ».

T. de Dieuleveult avec A.Dubiez