Manifestation pro-Gaza prévue samedi: l'interdiction confirmée par la justice

Une manifestation de soutien à Gaza, prévue samedi, a été interdite par la préfecture de police. Les organisateurs, les mêmes qui avaient appelé au rassemblement qui avait dégénéré à Barbès le 19 juillet, ont saisi la justice. Le tribunal administratif de Paris a rejeté leur recours vendredi soir.

La manifestation propalestinienne prévue samedi à Paris a été interdite vendredi par la préfecture de police pour éviter d'éventuels débordements. Les organisateurs ont saisi la justice en urgence dans la foulée. "J'introduis un mémoire en référé-liberté auprès du tribunal administratif de Paris", a déclaré Maître Hosni Maati, avocat des organisateurs, les mêmes qui avaient appelé à la manifestation interdite du 19 juillet ayant dégénéré dans le quartier parisien de Barbès.

Mais l'interdiction de la manifestation de samedi a été confirmée par le tribunal administratif de Paris vendredi dans la soirée.

Ça viens juste de tomber requête rejetée : direction conseil d'État ! #ManifGaza
— hosni maati (@hosnimaati) 25 Juillet 2014

"Requête rejetée: direction conseil d'Etat", a annoncé sur Twitter Me Hosni Maati, avocat de plusieurs organisateurs du défilé, confirmant son intention de faire appel en urgence samedi devant la plus haute juridiction administrative du pays contre la décision de la préfecture, qui a argué de la nécessité de prévenir d'éventuels débordements.

Cazeneuve demande aux organisateurs de "renoncer"

Le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, a demandé aux organisateurs de "renoncer" à cette nouvelle manifestation, indique le Scan du Figaro: "[Il ne faut] pas ajouter de la tension à la tension, pour ne pas laisser la haine se déployer dans les rues de Paris", a affirmé le ministre.

Pour justifier la décision, le ministre insiste sur le fait que les organisateurs étaient à l'origine du rassemblement qui avait dégénéré à Barbès le 19 juillet: "On sait à quel débordement [il] a conduit."

Par ailleurs, le parcours, jugé à "haut risque", pose problème, selon Bernard Cazeneuve. Partant de la place de la République, il est source d'inquiétude en raison de la proximité des lieux de culte, indique le Scan du Figaro.

Une interdiction qui fera débat

Mercredi, une autre manifestation de soutien à Gaza, autorisée celle-ci, s'était déroulé dans le calme: environ 15.000 personnes avaient participé à ce cortège très surveillé et très encadré par les forces de l'ordre.

Cette interdiction ne manquera pas de faire débat dans les prochains jours. Une partie de la classe politique avait en effet critiqué la décision d'interdire deux précédentes manifestations à Sarcelles et au départ de Barbès (Paris, XVIIIème arrondissement), qui avaient finalement dégénéré.

Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, dont l'action avait été remise en cause, avait assuré lundi au micro de BFMTV et RMC qu'il assumait pleinement ces interdictions. "Il n'y a pas d'interdiction générale", avait-il déclaré, en précisant toutefois être prêt "à prendre à nouveau [ses] responsabilités".

Le PCF et le NPA protestent

Les réactions ne se sont pas faites attendre. "Les autorités ouvrent la porte à tous les débordements et à toutes les manipulations possibles", a ainsi écrit vendredi dans un communiqué le Parti communiste français (PCF).

Le parti d'extrême gauche estime aussi que les autorités "ne prennent déjà aucune initiative politique à la hauteur de la gravité du drame qui se déroule à Gaza" et "bâillonnent la voix de milliers de jeunes Français qui veulent faire entendre la voix de la solidarité".

Le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) s'est également élevé dans un communiqué contre l'interdiction de manifester estimant que "[François] Hollande et [Manuel] Valls franchissent un nouveau seuil dans l'épreuve de force qu'ils ont engagée contre le mouvement de solidarité avec les Palestiniens".

M. K. avec AFP