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Manifestations pro-palestiniennes: fallait-il les interdire?

Les policiers ont recours à des bombes lacrymogènes lors de la manifestation interdite de samedi à Paris

Les policiers ont recours à des bombes lacrymogènes lors de la manifestation interdite de samedi à Paris - -

Les heurts qui ont éclaté le week-end dernier en marge de deux manifestations non autorisées, à Paris et à Sarcelles, relancent la polémique sur la nécessité ou non d'interdire ce type de rassemblements.

Des commerces vandalisés, des voitures incendiées, des personnes interpellées… Deux manifestations pro-palestiniennes non autorisées ont dégénéré samedi à Paris puis dimanche à Sarcelles, dans le Val-d'Oise. Si la classe politique a condamné à l’unanimité ces violences, elle s’accorde toutefois moins sur l’efficacité de la décision gouvernementale d'interdire de tels rassemblements. Les mesures d'interdiction étaient-elles oui ou non justifiées? BFMTV.com a rassemblé les éléments du débat, chacun se fera son opinion.

"On contrôle mieux la manifestation lorsqu'elle est interdite"

Du côté du gouvernement, même si les manifestations du week-end dernier ont entraîné des affrontements, la décision de les interdire est "totalement assumée". "Ce ne sont pas les interdictions qui font la violence, ce sont certaines formes de violences qui ont présidé à quelques interdictions", a déclaré lundi le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, à l'origine de la disposition. Et d'assurer aussi que celles-ci auraient été "pires" sans interdiction.

Une position partagée dans l'opposition par l'ancien ministre UMP du Travail, Xavier Bertrand. Selon lui, le gouvernement a bien fait d'interdire ce genre de manifestation "quand on sait bien qu'elle n'aura aucun caractère pacifique".

Pour les forces de l'ordre, le problème ne vient pas de l'interdiction, mais plutôt de la réponse à apporter, l'important étant la réactivité. "On contrôle mieux lorsque la manifestation est interdite, lorsque l'on donne l’ordre aux forces de sécurité d’interpeller rapidement. A Barbès, cela n’a pas été le cas", reconnaît cependant Jean-Claude Delage, secrétaire général du syndicat Alliance police nationale, invité à réagir sur le plateau de BFMTV.

"La liberté de manifester est un principe constitutionnel"

Mais nombreux sont ceux à estimer que l'interdiction n'était pas la bonne solution. Par exemple, le député UMP Bruno Le Maire, lui, fait valoir le principe constitutionnel. "J'ai dit la semaine dernière que l'interdiction des manifestations ne me semblait pas une bonne idée, que la liberté de manifester était un principe constitutionnel et qu'il ne fallait pas y toucher, ils ont voulu y toucher, ils ont voulu interdire et ne se sont pas donné les moyens d'interdire", a-t-il dénoncé.

Florian Philippot, numéro deux du Front national estime pour sa part que l'interdiction de manifester n'a fait que renforcer le radicalisme. "C'est évidemment inciter certains, les plus radicaux, à y aller non plus pour manifester une opinion politique par ailleurs tout à fait légitime mais pour défier l'Etat", a-t-il jugé.

D'autres y voient un problème de "moyens". "On n’a pas les moyens policiers d'interdire les manifestations", a fait remarquer le maire UMP d'Aulnay-Sous-Bois, Bruno Beschizza, sur BFMTV.

Quant à l'Union juive française pour la paix (UJFP), elle soutient carrémment les manifestations, estimant que "c'est le seul moyen de lutter contre l’antisémitisme en France". "Nous avons affaire à une colère d’un genre nouveau. Le seul moyen de lutter contre l’antisémitisme en France, c’est de manifester. La posture du CRIF est dangereuse pour la Palestine, mais aussi pour les Juifs de France", a affirmé à BFMTV.com, Pierre Tambul, co-président de l'Union Juive Française pour la Paix.

Mélanie Godey