Les habitants d'un bidonville parisien manifestent contre leur expulsion

Le bidonville installé sur la Petite Ceinture, près de la Porte de Clignancourt à Paris. - Alain Jocard - AFP
Leur situation pourrait s'empirer d'ici deux semaines, et ils veulent tout faire pour éviter ça. Une centaine de personnes, pour la plupart des Roms installés dans un bidonville du nord de Paris, ont manifesté, ce lundi, devant la mairie du 18ème arrondissement, pour protester contre leur expulsion prévue cette semaine.
"On reste ici", "on veut des papiers", ont-ils scandé. Sur le parvis de la mairie, une fillette tenait une pancarte disant "Des enfants sans toits = plus d'école".
Des adolescents avaient accroché un panneau sur une grille de la mairie, sur lequel on pouvait lire: "Non aux expulsions coûteuses, inutiles, depuis 25 ans".
"On veut travailler, mais on n’en a pas la chance!"
Depuis le mois de juin, 200 personnes (ils ont été jusqu'à 400) sont installés sur des rails inutilisés de la Petite Ceinture, près de la Porte de Clignancourt dans le 18ème arrondissement. Certains sont Roms, de nationalités diverses même si la plupart sont Roumains.
La grande majorité d'entre eux vivent en France depuis plus de six ans. Parmi eux, des enfants sont scolarisés, et certains adultes travaillent.
Petro est l'un de ceux-ci. Employé en CDI dans le bâtiment, il tient à infirmer les préjugés qui courent sur ses semblables. "Les autorités disent que les Roms sont des voleurs, qu’ils ne veulent pas travailler, s'indigne-t-il. On veut travailler, mais on n’en a pas la chance!" Raj confirme. Arrivé en France "il y a dix ans", quitter la Porte de Clignancourt représenterait sa sixième expulsion.
Aujourd'hui, ces deux cent personnes sont menacées d'expulsion, comme l'ont confirmé des représentants d'associations après une longue réunion avec la mairie du 18ème arrondissement. Un ordre d'expulsion a en effet été prononcé depuis septembre par la justice, saisie par SNCF Réseau, le propriétaire de ce terrain de la Petite Ceinture.
Un projet de relogement proposé par les habitants
Le campement sera démonté "dès que possible" et ses habitants relogés pendant deux semaines dans des hôtels, a déclaré Gérald Briant, l'adjoint au maire du 18ème chargé des affaires sociales. Le campement est "dangereux. En cas de feu, il n'y a pas de possibilité de sortie rapide", a justifié cet élu PCF-Front de gauche, s'engageant toutefois à tout faire pour que les habitants du bidonville soient relogés à terme sur différents terrains de plus petite taille.
"La mairie du 18e va régler le problème en le rejetant chez ses voisins", a regretté Livia Otal, coordinatrice de la mission bidonville de l'ONG Médecins du monde, qui espérait "un autre positionnement, un autre exemple" de la Ville de Paris. "Mais la seule réponse qu'on nous envoie, ce sont les CRS."
Aidées par des architectes, les habitants du bidonville ont pourtant ont soumis à la Mairie de Paris un projet de construction de maisonnettes modulaires. Ils demandent à la Ville un terrain et un délai pour sa mise en place. La Mairie a affirmé étudier le projet, tout en affirmant qu'il prendrait beaucoup plus de temps que les deux mois prévus. Pour l'heure, la seule réponse concrète aura été la dispersion de la manifestation au bout de trois heures.