Hollande à Oradour: "une promesse de refuser l'inacceptable"

François Hollande et Joachim Gauck, mercredi à Oradour-sur-Glane. - -
Comme un prolongement de la poignée de main entre François Mitterrand et Helmut Kohl à Verdun. Mercredi, les présidents français et allemands, François Hollande et Joachim Gauck, ont établi un nouveau symbole de la réconciliation franco-allemande, en arpentant côte à côte les ruines d'Oradour-sur-Glane.
"Aujourd'hui, la visite du président Joachim Gauck confirme que l'amitié entre nos deux pays est un défi fait à l'Histoire et un exemple pour le monde", a déclaré François Hollande au cours d'une allocution au Centre de la mémoire du village martyr, en compagnie de son homologue.
C'est la première fois qu'un dirigeant allemand foulait le sol de ce village du Limousin dont les habitants ont été massacrés le 10 juin 1944 par une unité de Waffen SS allemands.
Un écho actuel
"Vous êtes la dignité de l'Allemagne d'aujourd'hui, capable de regarder en face la barbarie nazie d'hier", a poursuivi François Hollande. Avant de qualifier leur double présence de "promesse": celle "de refuser l'inacceptable partout où il se produit", et "d'honorer partout et toujours les principes bafoués par les bourreaux d'hier et d'aujourd'hui".
Des propos qui, évidemment, ne sont pas sans faire écho au combat actuel du président pour réunir autour de lui une coalition visant à "sanctionner" le régime syrien.
Au même moment, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault tentait d'ailleurs, à la tribune de l'Assemblée, de convaincre les députés sur la nécessité d'une intervention militaire en Syrie, coupable selon la France d'un "massacre chimique" le 21 août dernier.
"Geste de réconciliation"
De son côté, Joachim Gauck a simplement salué le "geste de réconciliation" que constituait leur double présence dans ce lieu de mémoire. Il a remercié François Hollande, les survivants du massacre du 10 juin 1944 et les familles de victime "au nom de tous les Allemands".
Un peu plus tôt, les deux présidents se sont recueillis main dans la main dans l'église d'Oradour, où, il y a 70 ans, les femmes et les enfants du village ont été rassemblés, massacrés puis brûlés. Ils ont entouré l'un des derniers survivants encore en vie, Robert Hébras, qui avait 19 ans le jour du drame, et a perdu dans l'église sa mère et ses soeurs.
Dans le cimetière du village, ils ont chacun signé un livre d'or. François Hollande y a témoigné "respect, hommage et mémoire" à la commune, tandis que Joachim Gauck a évoqué "humilité et profonde reconnaissance pour l'invitation".
Il a également fait par de son "horreur, émotion et dégoût" devant "ce qui s'est passé sous commandement allemand" dans ce village. Il y a opposé "la nouvelle Allemagne, pacifique et solidaire" et assuré que "les choses resteraient ainsi".