Entre 69.000 et 150.000 manifestants défilent contre la loi Travail

A chaque manifestation sa bataille de chiffres. Mais ce mercredi, l'écart entre les chiffres officiels et ceux des organisateurs des manifestations contre la loi Travail est pour le moins remarquable. L'Unef a estimé à plus de 150.000 personnes le nombre de personnes qui ont marché dans toute la France, contre environ 69.000 pour le ministère de l'Intérieur (soit plus de deux fois moins).
Dans le détail, les autorités ont dénombré 60.000 manifestants en province dans 97 rassemblements ou défilés, selon le porte-parole du ministère Pierre-Henry Brandet, auxquels il faut ajouter les 8.800 à 9.200 participants au cortège parisien. Le ministère de l'Education nationale a de son côté décompté 115 lycées bloqués en France, totalement ou partiellement, sur 2.500 lycées publics.
"Une réussite" selon l'Unef
Cette journée de mobilisation est "une réussite", s'est félicité le premier syndicat étudiant, revendiquant 12.000 manifestants à Rennes, 10.000 à Lyon ou encore 6000 à Toulouse, sans donner de chiffre pour Paris. La préfecture de Paris a annoncé entre 8.800 et 9.200 manifestants dans la capitale. Lors de la première mobilisation, le 9 mars, l'Unef avait évoqué le nombre de 100.000 le jeunes qui avaient défilé en France, aux côtés de 400.000 salariés. Les autorités avaient, elles, comptabilisé 224.000 personnes au total dans le pays.
"Le message c'est de dire au Premier ministre que ses annonces n'ont absolument pas convaincu", a déclaré le leader de l'Unef William Martinet sur notre antenne, depuis le cortège parisien. "A un moment où à un autre, le gouvernement va devoir nous écouter".
Réponse du Premier ministre, en fin d'après-midi: "Il n'y aucune raison de demander le retrait" du projet de loi Travail après les modifications apportées par l'exécutif, a tranché Manuel Valls.
23 interpellations dans toute la France
Si globalement, les défilés se sont déroulés tranquillement dans toute la France, quelques incidents ont éclaté en marge de certains cortèges. Selon le ministère de l'Intérieur et la préfecture de police de Paris, 23 personnes ont été interpellées sur tout le territoire. Des échauffourées ont également été signalées sur le campus de Tolbiac, vers 18h15, entre étudiants et forces de l'ordre.
Peu avant 13 heures, à Rennes, un groupe de manifestant a envahi le hall de la gare tandis qu'une centaine de jeunes a fait irruption sur les quais et les voies de chemin de fer, provoquant la coupure de l'électricité par la SNCF et l'interruption totale du trafic, environ une demi-heure. Peu après ce blocage, plusieurs centaines de jeunes, dont certains avec des cagoules, ont jeté de la peinture sur la façade de la mairie et commencé à jeter des canettes sur les forces de l'ordre, qui ont répliqué à coup de gaz lacrymogènes.
Trois interpellations à Paris
Dans la capitale, trois manifestants ont été interpellés et deux policiers légèrement blessés, selon une source policière, lorsque des incidents ont éclaté en marge d'un cortège improvisé de plusieurs centaines de lycéens avant le début de la manifestation officielle prévu pour 13h30. Des établissements bancaires et une agence immobilière ont subi des dégradations vers le boulevard Voltaire, entre République et Nation. La police a dénoncé la présence de "quelques casseurs" dans le cortège.
A Marseille, des échauffourées ont brièvement éclaté entre une centaine de jeunes, dont certains cagoulés, et des policiers devant un commissariat sur la Canebière. Et à Nantes, des poubelles incendiées et une voiture renversées devant le lycée Gaspard-Monge ont entraîné l'intervention de la police et des pompiers. Trois personnes ont été interpellées dans des heurts avec les forces de l'ordre, qui ont répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes, comme l'a filmé un témoin de BFMTV.