Manifestation: des médias vont utiliser leur propre système de comptage

Des retraités manifestent le 15 mars 2018 à Marseille. - BERTRAND LANGLOIS / AFP
"Selon la police", "selon les syndicats", et bientôt "selon notre décompte indépendant". Un collectif de plusieurs grands médias, dont BFMTV, a pris l'initiative de se doter de son propre système de comptage des manifestants lors des prochaines journées de mobilisation. Un premier "décompte indépendant" sera publié ce jeudi à l'issue des manifestations prévues dans tout le pays.
Au total, une vingtaine de rédactions sont associées dans cette démarche: celles de Libération, Le Monde, Le Figaro, Le Parisien, La Croix, de l'AFP, de France 2, France 3, Canal+, CNews, d'Europe 1 et de RTL, mais aussi de Mediapart, ainsi que l'ensemble de la presse régionale et départementale.
Capteurs et micro-comptages humains
La mission a été confiée au cabinet d'études et de conseil indépendant Occurrence. Le cabinet utilisera deux capteurs placés en hauteur, au troisième étage d'un hôtel par exemple, qui tracent une ligne virtuelle sur la rue: chaque manifestant qui franchit cette ligne est ainsi comptabilisé, et les trottoirs sont pris en compte.
En parallèle, des "micro-comptages humains" sont effectués: la manifestation est filmée pendant 20 à 30 secondes à différents intervalles et différentes "intensités". Les manifestants sont recomptés humainement sur ces extraits vidéo pour ajuster le décompte fait par les capteurs et déterminer une marge d'erreur.
Le chiffre obtenu pourra donc être mis en perspective avec le calcul effectué par la police et par les syndicats. La société Occurrence a pratiqué plusieurs tests grandeur nature lors des précédentes mobilisations, et BFMTV a pu vérifier la fiabilité des résultats obtenus en procédant au recomptage manuel des chiffres qui avaient été fournis. Lors d'une manifestation parisienne le 16 novembre contre la politique "libérale" d'Emmanuel Macron, Occurrence avait comptabilisé 8.250 manifestants, contre 8.000 pour la préfecture de police de Paris et 40.000 pour les syndicats.
Des méthodes différentes pour la police et les syndicats
Les fonctionnaires de police établissent quant à eux des points d'observation avec un ou deux hommes en charge du comptage et une caméra en hauteur qui permet d'avoir vue sur la largeur des rangs des manifestants et de tenir compte de ceux qui marchent sur les trottoirs. Les personnels chargés de cette tâche ont une formation de six mois et sont équipés d'un compteur manuel. A la fin de la manifestation, ils confrontent leurs chiffres. Une vérification peut être effectuée le lendemain avec un visionnage de l'ensemble des vidéosurveillances.
Du côté des syndicats, des compteurs sans formation particulière sont détachés dans chaque manifestation, sur des points de passage précis. Les chiffres remontant de tous les cortèges sont ensuite compilés et croisés par la centrale.