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Société

Les enseignants se détournent de François Hollande

Le lycée Louis-le-Grand à Paris.

Le lycée Louis-le-Grand à Paris. - AFP- Loïc Venance

Malgré la très prochaine revalorisation de leur salaire, les professeurs ont cessé de soutenir l'exécutif actuel. Inquiétant pour François Hollande moins d'un an avant l'élection présidentielle.

Bien sûr, il y a eu l’annonce d’une revalorisation salariale générale en vigueur dès le 1er janvier 2017, à quatre mois des élections. Bien sûr, il y a eu les 42.000 créations de postes et la promesse de tenir l'objectif de 2012 en atteignant le nombre de 60.000 professeurs supplémentaires d’ici à la fin du quinquennat. Pourtant, les profs, qui ont vu trois ministres (Vincent Peillon, Benoît Hamon et Najat Vallaud-Belkacem) se pencher sur leur berceau pendant celui-ci, sont nombreux à ressentir une forme de "lassitude", un "sentiment de gâchis" alors que la rentrée se profile, selon les mots utilisés il y a quelques jours par Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU.

Au point qu’une intersyndicale composée du Snes-FSU, de la CGT, de Sud, de FO a d’ores et déjà annoncé une grève pour le 8 septembre afin de crier son mécontentement devant les conditions de la rentrée et la réforme des collèges. Ils pourraient même manquer à l’appel de François Hollande si celui-ci venait à essayer de prolonger son bail présidentiel.

Un divorce déjà ancien

En juillet 2015 déjà, un sondage OpinionWay sur "les enseignants et la gauche" donnait 76% de mécontents du mandat de François Hollande parmi cette corporation, et seuls 21% imaginaient lui confier à nouveau leurs suffrages. Pour le président sortant, c’était à peine mieux que Jean-Luc Mélenchon (18%)…et surtout c’était moins bien que François Bayrou (26%).

Un score qui sonnait comme un double camouflet pour le chef de l’Etat: la régression par rapport aux 44% de 2012 était impressionnante, et le coup de canif dans le contrat entre enseignants et gauche était historique tant la fidélité des professeurs envers cette famille politique était restée grande jusque-là. Et il semble que le fossé n’ait pas diminué en un an, au contraire.

Une affaire de principe

Il semble que la fidélité des enseignants ne soit pas simplement partisane mais aussi une affaire de principe: la loi travail, notamment, n'est pas passée. Au-delà de cette grande question, le désamour entre l’Education nationale et le gouvernement tient à la situation de la profession.

Pour les syndicats enseignants, la revalorisation est venue trop tard et les réformes se succèdent de manière trop désordonnée. La dernière en date, la réforme des collèges, qui vise à refondre les programmes sur plusieurs niveaux n’est pas appréciée. Frédéric Dabi, sondeur de l’Ifop, confirme pour le site d’Europe 1 l’importance de cette réforme impopulaire dans le pas de côté fait par les enseignants par rapport à l’exécutif: "la réforme des rythmes scolaires, a été massivement rejetée par le corps enseignant. La volte-face du gouvernement sur les ABCD de l'égalité, perçue comme un recul, notamment face aux militants de la Manif pour tous. Et maintenant la réforme du collège (74% des enseignants se disent opposés à la réforme, contre 61% des Français, selon l'Ifop)".

Dans Le Parisien, le Premier secrétaire du Parti socialiste Jean-Christophe Cambadélis a récemment voulu croire que les enseignants ne pouvaient "pas placer d’espoir dans la droite." Rêver d’obtenir le vote des enseignants par défaut, voilà une attitude qui n’a rien de très conquérant.

R.V