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Le soutien des Français aux gilets jaunes est-il en train de basculer?

Manifestation des gilets jaunes à Bordeaux le 29 décembre 2018.

Manifestation des gilets jaunes à Bordeaux le 29 décembre 2018. - MEHDI FEDOUACH / AFP

Pour la première fois depuis le début de la mobilisation, le soutien aux gilets jaunes connaît un net repli. Une partie de l'opinion publique fait preuve de lassitude face aux violences qui se multiplient partout en France.

Alors que le mouvement connaît sa huitième semaine de mobilisation, l'opinion des Français envers les gilets jaunes montre des signes de fébrilité. Pour la première fois, des voix discordantes se font entendre et l'approbation des Français décline, en témoignent les chiffres du dernier sondage Elabe pour BFMTV. Les pourcentages de soutien aux gilets jaunes, jusqu'ici particulièrement stables, commencent à s'éroder avec un taux descendu à 60% d'approbation. En trois semaines, il a perdu pas moins de 10 points. 

Les foulards rouges contre les violences

Ce mardi, en parallèle, un sondage Ifop pour Paris-Match et Sud Radio faisait état d'un regain de confiance de la part des Français envers l'exécutif. En gagnant respectivement 5 et 7 points d'approbation, Emmanuel Macron et Edouard Philippe se rapprochaient de leur niveau de popularité d'avant la crise des gilets jaunes.

Le ras-le-bol des violences qui sévissent régulièrement sur les manifestations des gilets jaunes se fait ressentir: près de 8 Français sur 10 (78%) condamnent les violences survenues ces dernières semaines.

Le sondage Elabe pour BFMTV de ce mercredi, souligne Bernard Sananès, président de l'institut, "révèle aussi qu'en raison des violences, une bonne partie de l'électorat de droite a basculé dans l'opposition au mouvement des gilets jaunes". Sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes de "foulards rouges" ont même appelé à une marche républicaine ce dimanche. Ils refusent "blocages, violences et atteintes à la liberté de circuler", sans que l'on sache à ce stade quelle est leur couleur politique. Dans un communiqué envoyé mardi soir, le collectif "foulard rouges" a en tout cas tenu à préciser que la marche n'était pas "pro-Macron".

"Un mouvement qui reste encore solide"

"On voit néanmoins que le mouvement reste solide", note notre éditorialiste politique Thierry Arnaud, qui rappelle que 2 Français sur 3 continuent de l'approuver. S'ils ne sont plus que 14% des Français à encore se définir "gilets jaunes", les sondés sont partagés sur la question de la suite à donner au mouvement: 51% y sont favorables, 49% veulent son arrêt.

"C'est une première inflexion", considère Bernard Sananès, qui précise néanmoins que "tant que n'est pas franchie la barre des 50%, on ne peut toujours pas parler de point de basculement".
"Au-delà des images de violences auxquelles on a assisté, une partie des Français qui exprimaient jusque-là leur sympathie pour le mouvement ont aujourd'hui une impression de dispersion des revendications", explique encore le président de l'institut de sondage. "Une autre frange de l'opinion publique, certes minoritaire, s'est quant à elle retrouvée dans les mesures annoncées par Emmanuel Macron fin décembre."

Avec ce repli, "on voit aujourd'hui, encore plus nettement, se diviser le paysage politique entre l'électorat de Marine Le Pen et de Jean-Luc Mélenchon, qui approuvent encore le mouvement à une très large majorité. Et en face, ceux de l'électorat plus modéré qui prennent leurs distances et désapprouvent le mouvement, de façon encore plus nette chez les électeurs de François Fillon mais aussi d'Emmanuel Macron", conclut Thierry Arnaud.

Jeanne Bulant