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La crise des migrants à Calais au coeur du sommet Hollande-Cameron

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François Hollande et David Cameron ont rendez-vous jeudi à Amiens pour un 34e sommet franco-britannique. La crise des migrants affluant dans la "Jungle" de Calais sera au coeur des discussions entre les deux dirigeants.

C'est au cimetière mémorial britannique de Pozières, lieu emblématique de la Bataille de la Somme, que François Hollande et David Cameron ont d'abord prévu de se retrouver jeudi, pour commémorer l'offensive franco-britannique contre l'armée allemande, qui il y a cent ans, coûtait la vie à 400.000 soldats anglais et 200.000 français. Mais en réalité, tous deux auront les yeux tournés vers la "Jungle" de Calais, où affluent en masse des milliers de migrants tentant par tous les moyens de rallier les côtes anglaises.

La rencontre intervient alors que les autorités françaises ont entamé le démantèlement de ce campement insalubre, dans un climat tendu, émaillé d'incidents. Paris ne compte pas remettre en cause les accords du Touquet de 2003 régissant la gestion de la frontière franco-britannique: "Ils n'ont pas vocation à être modifiés", indique-t-on à Paris.

La question sensible des mineurs isolés

La France veut en revanche obtenir une aide financière substantielle de Londres pour l'ouverture de nouveaux centres d'accueil, la sécurisation des infrastructures portuaires de Calais, Dunkerque et du tunnel sous la Manche et la lutte contre les filières clandestines. "On attend des engagements financiers additionnels" britanniques, dont le montant devrait être annoncé à l'occasion de ce sommet, ajoute-t-on.

Selon le secrétaire d'Etat français aux affaires européennes, Harlem Désir, cette aide "va être augmentée d'une vingtaine de millions supplémentaires". La contribution britannique à la gestion de la crise est actuellement "de plus de 60 millions (...) Il y aura une vingtaine de millions supplémentaires", a annoncé Harlem Désir à la radio RFI. 

La question du regroupement familial de mineurs isolés, bloqués à Calais alors que des membres de leur famille sont installés outre-Manche, est également un des sujets sensibles des discussions. Bernard Cazeneuve a souhaité récemment que les cas de "tous ceux qui ont des attaches en Grande-Bretagne, parmi notamment les mineurs isolés," soient examinés "dans l'équilibre de la relation que nous avons avec la Grande-Bretagne".

Coopération en matière d'armement

Deux autres textes seront signés à Amiens pour renforcer la coopération bilatérale en matière de défense et de lutte contre le terrorisme. A l'ordre du jour notamment, la mise au point d'une force expéditionnaire conjointe franco-britannique, qui sera opérationnelle après un exercice en avril 2016 qui mobilisera quelque 7.000 militaires français et anglais. Paris et Londres veulent également développer leur coopération en matière d'armement, (drone, missiles, guerre des mines sous-marines).

A moins de quatre mois du référendum organisé le 23 juin outre-Manche sur le maintien ou non du Royaume-Uni dans l'Union européenne, le risque de "Brexit" ne fait officiellement pas partie des discussions toutefois. "Cela ne nous regarde plus, c'est vraiment une question de politique intérieure britannique", explique un diplomate français.

Toutefois, la veille, Emmanuel Macron n'a pas hésité à s'en mêler, affirmant dans les colonnes du Financial Times que la France cesserait de retenir les migrants à Calais en cas de Brexit. David Cameron et François Hollande pourraient bien évoquer cette échéance à haut risque lors du sommet. Tous deux tiendront une conférence de presse peu après 15 heures.

A. G. avec AFP