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"Je me suis dit: 'ils vont me tuer'": une ex-victime de harcèlement scolaire témoigne

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Anne-Liz Deba, une jeune étudiante en deuxième année de droit, témoigne ce mardi soir, sur BFMTV, du harcèlement scolaire qu'elle a subi pendant plusieurs années au collège.

"J'avais des idées suicidaires". Anne-Liz Deba, une jeune étudiante en deuxième année droit, a été victime de harcèlement scolaire, au collège, de la 6e à la 4e. Quelques jours avant de fêter ses 20 ans, elle est revenue, ce mardi soir, sur le plateau de BFMTV, sur ces années de souffrance, dans un témoignage fort. Selon elle, le harcèlement était autant moral que physique, prenant de multiples formes.

"On me frappait dans les couloirs quand on me voyait. On m'insultait. On inventait des rumeurs sur moi. On me menaçait constamment", s'est-elle souvenue, ajoutant avoir également subie des pressions sur les réseaux sociaux. "J'ai eu des menaces de mort sur les réseaux sociaux: 'Suicide-toi', 'Si tu reviens à l'école on va te tuer', 'On sait où t'habites, on va aller jusqu'à chez toi'... On m'a demandé si j'accordais des faveurs sexuelles", a-t-elle décrit.

Ce cyberharcèlement venait à la fois de personnes se servant de leur propre profil et se faisait aussi anonymement. La jeune femme a assuré que c'était, au bout d'un moment, "dur à vivre" et confie avoir pensé à mettre fin à ses jours.

"Je me suis dit: 'ils vont me tuer'"

En classe de 4e, le harcèlement a pris une telle ampleur qu'Anne-Liz Deba a cru qu'elle allait mourir. Elle se souvient s'être un jour retrouvée dans un "guet-apens".

"Juste avant on m'avait volé toutes mes affaires. Je suis revenue au collège. Je me suis retrouvée nez à nez avec une bande d'une dizaine d'élèves de mon collège qui me harcelaient et d'autres copains à eux. Un garçon a commencé à vider quelque chose par terre. Un autre a renversé en entier un bidon d'essence sur moi. On m'a menacé de l'allumer avec un briquet et de m'immoler", a encore raconté la jeune femme.

"Je me suis dit que j'allais arrêter de souffrir. Pour moi c'était une fatalité. Je me suis dit: 'ils vont me tuer, je vais mourir, je me laisse faire'", a-t-elle poursuivi avec émotion. Pourquoi un tel harcèlement? Anne-Liz Deba a expliqué qu'on lui disait qu'elle était "une fille trop intelligente". Elle avait également refusé de sortir avec un garçon qui avait ensuite rejoint la bande qui la harcelait.

L'étudiante en a parlé, en 6e, à sa mère, qui a eu un rendez-vous avec le personnel scolaire du collège. Le harcèlement s'est arrêté avant de reprendre en 5e. Là, elle n'a osé rien dire. Il a fallu que sa professeure principale en parle à sa famille. Elle a également, une autre fois, essayé d'en parler à une surveillante après s'être fait tabasser dans les escaliers de son collège.

"Quand j'ai osé en parler à une surveillante, elle m'a dit: 'Écoute Anne-Lise ils sont amoureux de toi, laisse tomber c'est rien". À ce moment-là, on se dit qu'effectivement c'est peut-être nous le problème", a-t-elle expliqué.

"Je sais qui je suis aujourd'hui"

Sur le plateau de BFMTV, Anne-Liz Deba dit aller "super bien aujourd'hui", grâce à l'aide de sa grande-sœur et de ses proches "formidables".

"Ils ont cru en moi, ont voulu que j'aille de l'avant. J'ai fait énormément de travail sur moi-même. Surtout, ma reconstruction passe par l'aide des autres. Je fais de mon maximum pour que les personnes harcelées ou qui subissent d'autres violences osent parler, osent libérer la parole. Tout cela à travers mon podcast et sur mon profil Instagram où je partage des messages de motivation et d'amour", a-t-elle raconté.

Si pendant longtemps, la jeune femme a cru que ses harceleurs "avaient raison", ce n'est désormais plus le cas. "Je sais qui je suis aujourd'hui et je sais que j'ai énormément de valeur, comme toutes les personnes qui peuvent être harcelées aujourd'hui: vous avez de la valeur, vous êtes aimées et ce n'est pas des personnes dans l'école qui vont vous faire croire le contraire", a-t-elle conclu, optimiste.

Clément Boutin Journaliste BFMTV