"J’ai récupéré les gamètes avec la pipette de Doliprane": une mère de famille lesbienne raconte son insémination artisanale

Ce mercredi, le très attendu projet de loi bioéthique doit être présenté lors de l'ultime Conseil des ministres avant la trêve estivale. Étudié par l'Assemblée nationale à la rentrée prochaine, il devrait permettre une extension de la PMA (procréation médicalement assistée), actuellement réservée aux couples hétérosexuels, à toutes les femmes.
Une proposition qui devrait faciliter le quotidien de milliers de femmes en France puisque auparavant, certaines d'entre elles avaient recours, en enfreignant la loi, à la procréation artisanale.
C'est le cas de Sandy, cette mère de famille depuis 2009 et la naissance de Lorena, aujourd'hui âgée de 9 ans. Un processus qui s'est révélé délicat: elle s'est auparavant rendu à plusieurs reprises en Espagne, où la PMA est légale pour les couples homosexuels. Après six inséminations infructueuses, elle a finalement pris la décision d'avoir recours à cette méthode.
"Le père de Lorena a été à la salle de bains pour collecter les gamètes, il m’a ensuite donné ce pot, il y a un délai très court entre le moment où l’on récolte et celui où on fait l’insémination. J’ai récupéré les gamètes avec la pipette de Doliprane et je me suis inséminée avec", détaille-t-elle auprès de BFMTV.
Une situation entièrement comprise par Lorena qui, lorsqu'elle est questionnée sur son père à l'école, n'hésite pas à répondre.
"Je lui ai expliqué que Tonton, c’était son géniteur, qu’il avait donné la petite graine. Je lui ai expliqué qu’une maman toute seule ne pouvait pas faire des bébés et qu’il avait donné la petite graine pour qu’elle soit là et que si elle avait besoin, il serait toujours là", reprend sa mère.
Appui des associations et de certains médecins
Sandy, aujourd'hui séparée, vit actuellement avec Manon, qui a son tour souhaite porter un enfant. Pour ce, avec l'aide d'une association, elle est à la recherche de médecins prêts à enfreindre la loi pour faire avancer leur projet.
"On a connaissance de certains médecins qui sont plus ouverts d’esprit grâce à nos adhérentes qui nous donnent ces informations, on les partage avec tout le monde. L’aspect délictuel de la chose, on l’assume pleinement", souligne, toujours à notre antenne, Doan Luu, membre de l’association des parents gays et lesbiens.
En 2016, 130 médecins avaient publiquement reconnu avoir aidé des couples homosexuels à avoir des enfants. De leur côté, Sandy et Manon voient plus loin puisque depuis plusieurs années, elles tentent de convaincre les députés de les reconnaître toutes deux parents d'un même enfant.