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"J'ai arrêté de m'asseoir dans les transports": quand la crainte des punaises de lit pèse sur le quotidien

Une punaise de lit sur un linge blanc (Photo d'illustration).

Une punaise de lit sur un linge blanc (Photo d'illustration). - Flickr - CC Commons - Josefine S

Ils n'ont jamais été infectés, ni même jamais aperçu une de ces petites bêtes, mais elles hantent pourtant désormais leur quotidien.

C'est la deuxième fois que ça lui arrive. Laurie s'est encore réveillée en pleine nuit, persuadée d'être en train de se faire dévorer par des punaises de lit. "J'ai l'impression que des trucs me grimpent dessus, et ça commence à me démanger de partout", raconte-t-elle à BFMTV.com.

Punaises de lit. Leur seule évocation suffit à faire naître de véritables angoisses. Si jusqu'ici elles terrorisaient surtout les personnes déjà victimes, traumatisées par les piqûres de ces insectes et la difficulté de s'en débarrasser, la psychose s'empare de ceux pourtant épargnés.

"Dès qu'on en parle, ça me gratte", ajoute Laurie.

La trentenaire confie ainsi qu'à chaque petite tâche ou chaque petit insecte qu'elle repère, elle "sursaute et imagine que c'est une punaise de lit". Ensuite, elle s'affaire à vérifier l'origine de l'angoisse, ayant appris "sur Internet" à bien détecter cet insecte.

"J'ai résilié mon abonnement cinéma"

Pour de nombreux Français, cette peur est survenue - ou s'est accentuée - durant l'été 2023, lorsqu'un cinéma parisien a été pointé du doigt par un témoignage soutenant que ses salles sont "infectées de punaises de lit". Une situation qui a poussé UGC à présenter publiquement ses excuses.

"J'allais beaucoup au cinéma, et tous ceux que je fréquente à Paris ont été concernés par une invasion de punaises apparemment, donc j'ai préféré résilier mon abonnement UGC car c'est vraiment quelque chose de préoccupant", explique Coralie.

La jeune femme de 26 ans connaissait déjà le risque des punaises de lit dans les hôtels. "J'avais déjà le réflexe en voyage de vérifier qu'il n'y en ait pas, mais ça restait assez peu angoissant puisque je ne voyage pas beaucoup", explique-t-elle. Mais la multiplication des témoignages et leur proximité inquiètent.

La crainte des transports

La punaise de lit, pourtant pas plus grosse qu'un pépin de pomme, a pris tellement de place dans les esprits que les usagers des transports en commun les craignent désormais sur les sièges des trains, métro ou bus.

"J'ai des amis qui en ont vu dans le métro, alors j'ai arrêté de m'asseoir dans les transports", confie Hanae, 23 ans.

De son côté, Coralie explique faire très attention avant de s'installer en inspectant le siège "par réflexe, pour voir si je vois une punaise". Si elle craint les piqûres, c'est surtout "le fait qu'il est très difficile, long et coûteux de s'en débarrasser" qui l'angoisse.

"Je n'ai ni les moyens ni l'énergie de gérer une invasion chez moi donc je préfère éviter les endroits infestés au maximum", explique-t-elle. Elle redoute notamment un prochain voyage en train où elle sera obligée de "rester assise plusieurs heures".

"Tous mes vêtements dans du plastique"

Lorsqu'elle a préparé sa valise le week-end dernier pour partir quelques jours dans le sud de la France, Hanae s'est armée. "J'ai emballé tous les vêtements de ma valise dans du plastique", raconte-t-elle. Puis, en rentrant de son séjour, elle s'est empressée de laver tous ses habits à la machine, à 60°C.

"L'inquiétude est constante et on a envie de vérifier tout le temps qu'elles ne sont pas installées chez nous", abonde dans le même sens Coralie.

"Je fais attention quand je rentre chez moi à ne plus rien poser sur mon lit ou sur le canapé et à directement aller me changer", complète-t-elle.

Et cette peur des punaises de lit les accompagne partout. Au bar ou au restaurant, Laurie privilégie depuis peu les chaises aux banquettes. "Mais je viens d'apprendre que les punaises de lit vivaient aussi dans le bois... C'est le coup de grâce", déplore-t-elle.

Selon un rapport de l'Anses, entre 2017 et 2022, 11% des foyers français auraient subi une infestation de punaises de lit. Face aux demandes, le gouvernement a annoncé une réunion cette semaine avec les opérateurs de transport pour "agir davantage" contre ces insectes et "protéger" les voyageurs.

Salomé Robles