"Pas de raison qu'elles disparaissent": les punaises de lit risquent à nouveau d'empoisonner les vacances d'été

Un matelas contaminé par des punaises de lit jeté dans la rue à Marseille, le 3 octobre 2023. Photo d'illustration - Nicolas TUCAT © 2019 AFP
Qu'est-ce qui a six pattes, une tête et peut gâcher vos vacances d'été? Les punaises de lit. Le petit insecte brun ne cesse de se répandre en France à bas bruit, après avoir été au cœur de toutes les attentions en 2023. Les experts sollicités par BFMTV.com alertent sur une circulation très importante, alors que l'été est propice à un intense brassage des populations.
"Elles n'ont pas disparu, il n'y a pas de raison qu'elles disparaissent", insiste Stéphane Bras, le porte-parole de l'Association des professionnels de la protection de la santé et des environnements, qui regroupe les spécialistes du traitement des nuisibles. Entre 2018 et 2023, le nombre d'interventions des professionnels a quadruplé. "Nous avons interrogé nos adhérents et une chose est sûre: aujourd'hui, la pression ne baisse pas".
Les punaises de lit en France n'étaient-elles pas le simple fruit d'une psychose alimentée par la Russie via les réseaux sociaux? C'est pourtant ce qu'a affirmé le 1er mars 2024 Jean-Noël Barrot, le ministre des Affaires étrangères, qui accusait "des comptes liés au Kremlin" d'avoir "artificiellement amplifié" la problématique.
Encore ce vendredi 11 juillet, le général Thierry Burkhard, chef d'État-major des armées, évoquait "la rumeur des punaises de lit pendant les JO", faisant référence à la "guerre informationnelle" menée par la Russie contre la France.
Si les experts reconnaissent un certain emballement, ils pointent une aggravation indéniable et factuelle de la problématique, qui est loin de s'être calmée. "Le problème est et sera toujours un sujet de fond qu'il faut arriver à gérer. Même s'il y a eu un grand buzz médiatique en 2023, il faut savoir que c'est un sujet qui marinait depuis 15 ans", contextualise Pascal Delaunay, parasitologue et entomologiste médical au CHU de Nice, l'un des experts français de l'insecte.
"Il n'est pas évident de quantifier cette augmentation, car il n'existe pas de données nationales, mais nous sommes arrivés à un plafond", ajoute-t-il.
L'été, le moment parfait pour aggraver la crise?
Si la panique autour des punaises de lit a eu lieu au cœur d'un été, c'est bien parce que cette saison est celle de tous les dangers. Si on ne parle pas là d'un insecte estival que l'on n'apercevrait que durant cette saison, sa circulation est bien favorisée par la période de vacances.
"Avec la période estivale, il y a un brassage plus important. Nous sommes dans un pays de tourisme, les gens vont venir dans des locations, dans des hôtels, dans des trains…", rappelle Stéphane Bras.
Voici le schéma classique de transmission et de diffusion de ce nuisible. Une personne se déplace, dans un lieu de vacances par exemple, et en ramène dans sa valise des punaises jusqu'à chez elle souvent à son insu.
Une bébête qui peut ensuite se répandre au sein d'un immeuble, voire davantage. "Désormais nous n'intervenons pas juste sur un appartement, mais bien pour un immeuble entier, voire des quartiers", pointe le membre de l'association spécialisée.
"Au retour des voyages il est toujours conseillé d'appliquer une stratégie de prévention"
L'objectif est bien de faire disparaître toute trace de cet insecte pour éviter qu'il ne se re-développe. Attention, il est vivement conseillé de faire appel à des professionnels. Les accidents liés à des produits miracles contre les punaises de lit ont conduit à de nombreuses intoxications sévères selon les autorités sanitaires.
Le meilleur des traitements reste la vigilance en amont, une inspection de la literie à l'arrivée dans un nouveau lieu pour chercher à identifier la punaise ou ses traces.

"Au retour des voyages il est toujours conseillé d'appliquer une stratégie de prévention: on lave tous ses vêtements, qu'ils soient sales ou propres, on inspecte sa valise, pour être certains de ne pas en rapporter chez soi", conseille le parasitologue niçois.