En Auvergne, Emmanuel Macron fait face au malaise des éleveurs

Au lendemain de trois heures de grand débat sur les retraites ce jeudi soir à Rodez, Emmanuel Macron se trouvait ce matin au Sommet de l'élevage en Auvergne, où il a assisté sur le grand ring du salon au concours inter-régional de Salers, où sont présentés les meilleurs spécimens de ces vaches à la robe rouge et aux cornes en forme de lyre, peuplant une grande partie des montagnes d'Auvergne.
Inévitablement, le président a été questionné sur la situation actuelle des éleveurs, assurant qu'il n'y "a pas de fatalité", et proposant la construction d'abattoirs pour échapper à l'emprise du groupe dominant dans le secteur de la viande, accusé de maintenir des prix trop bas.
"Message d'amitié"
Alors que deux députés la République en Marche, Roland Lescure et Jean-Baptiste Moreau, ont été pris à partie et expulsés du Sommet jeudi par des éleveurs dans une ambiance tendue, le président était accompagné du ministre de l'Agriculture Didier Guillaume pour visiter cette exposition rassemblant quelque 2000 animaux d'élevage, la fine fleur des troupeaux français, et des milliers d'éleveurs.
"Je voulais apporter un message d'amitié, la situation est difficile, je serai à vos côtés aujourd'hui et demain" a dit le président au micro, en saluant son prédécesseur Jacques Chirac, qui bénéficie d'une cote d'amour unique auprès des paysans et auquel le salon rend un hommage particulier cette année, après sa mort ce 26 septembre.
Le Ceta au centre de toutes les interrogations
Au fil des rencontres, le président Macron a également pu se rendre compte de la détresse dans laquelle se trouvaient certains exploitants.
"Aidez-nous!", lui ont lancé plusieurs agriculteurs à son passage, "donnez-nous des perspectives pour le monde agricole, car on a le sentiment que la société française ne veut plus de monde agricole".
"On est mal, c'est le matraquage qui est dur, on a l'impression d'empoisonner les gens", lui a crié une éleveuse. "J'en peux plus non plus de l'agribashing", leur a alors répondu le locataire de l'Elysée.
Quelques minutes plus tard, Emmanuel Macron a été interpellé sur le Ceta, l'accord de libre-échange UE-Canada rendu responsable par le syndicat majoritaire FNSEA d'une grande partie des difficultés de la profession, le président a renvoyé la balle dans le camp français.
"Les difficultés qu'on a aujourd'hui n'ont rien à voir avec le Ceta!" a-t-il dit. "Notre problème aujourd'hui est que nous ne savons pas valoriser correctement ce que l'on produit.
"C'est à nous de nous réorganiser, d'investir (...) il n'y a pas de fatalité" a martelé le président qui souhaite "qu'on arrête" le système français tournant autour d'un seul acteur dominant dans le monde de la viande, le groupe Bigard qui fait la pluie et le beau temps sur les prix dans la plus parfaite opacité.
Ce vendredi, le chef de l'Etat doit poursuivre son séjour auvergnat en se rendant au Polydôme de Clermont-Ferrand, pour les 100 ans du journal régional La Montagne.
Après une allocution vers 18h, il se prêtera à une séance de questions-réponses avec des salariés du groupe de presse et des chefs d'entreprise de la région.