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Un professeur s'alarme de la progression de "la peur des maths"

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Alors que le niveau des élèves français en mathématiques a chuté en trente ans, les professeurs s'inquiètent du développement de "phobies scolaires". Un problème auquel veut remédier rapidement Jean-Michel Blanquer.

C’est une tendance qui se poursuit depuis trente ans: le niveau des élèves français en maths ne cesse de baisser depuis 1987. Face à ce constat, les professeurs s’alarment d’une trop forte “pression sociale”, tandis que l’Education nationale planche sur de nouvelles pistes d’enseignement.

Pour la division, le taux de réussite de 74% à 31% 

L’étude de la Depp, l'agence des statistiques du ministère de l'Education dévoilée fin mars indique que les performances des élèves français sont à la baisse pour toutes les opérations. Les taux de réussite moyens pour les additions s'élevaient à 90% en 1987, pour chuter à 69% en 2017. Pour les soustractions, réussies autour de 83% en 1987, elles ne le sont qu'à hauteur de 55% en 2017. La baisse est encore plus marquée pour les divisions: 74% en 1987 et 37% en 2017. Enfin, les taux de réussite moyens pour les additions s'élevaient à 90% en 1987 et baissent à 69% en 2017.

Phobies scolaires

Une chute analysée par Charles Torossian, inspecteur général de l’éducation nationale à notre antenne:

“On fait beaucoup de choses avec l'addition, pas assez avec la multiplication, pas assez avec les nombres compliqués, comme avec les virgules, les prix”, explique-t-il.

Du côté des professeurs, on dénonce une “pression” trop forte autour de cette matière:

“On voit des phobies scolaires qui se développent de façon massive. La pression sociale sans doute mais aussi la pression des parents. En tout cas, clairement, les maths font peur. On met trop de pression et les élèves ne peuvent plus travailler correctement. Ils sont tétanisés”, s’inquiète Bertrand Galliot, professeur de mathématiques.

Apprentissage des quatre opérations dès le CP

Pour enrayer cette peur, des spécialistes proposent des techniques d'apprentissage alternatives, comme la méthode de Singapour:

“Si on donne des mécanismes à apprendre par coeur sans sens, il y a trop et on embrouille. Si on explique et qu’on fait des liens, si on parle à la logique innée de l’enfant, il se souviendra et comprendra mieux”, explique Monica Neagoy, auteur de La nouvelle édition de la méthode de Singapour, reposant notamment sur une technique de décomposition du nombre.

Sur notre plateau, elle ajoute: “qu’il faut déconstruire le neuromythe selon lequel on est matheux ou on n’est pas matheux dès la naissance. Les enfants doivent comprendre qu’ils sont capables car leur croyance affecte leur performance.”

Pour redonner goût aux maths, Jean-Michel Blanquer plaide pour l’apprentissage des quatre opérations (addition, soustraction, multiplication, division) dès le CP. L'Éducation nationale espère ainsi voir remonter le niveau des élèves de CM2 et peut-être rattraper les voisins européens. En effet, l’étude TIMSS de 2015 révélait que les élèves français étaient les plus mauvais élèves d’Europe en mathématiques.