"Quelque chose ne va pas": Emmanuel Macron dresse un bilan "cruel" du système éducatif français

Près de cinq ans après son grand discours sur l'Europe, c'est à nouveau sous la coupole de l'université de la Sorbonne à Paris qu'Emmanuel Macron a prononcé un discours qui se veut le point de départ d'une grande révolution, cette fois concernant le système éducatif français.
Face aux recteurs et rectrices d'académie réunis face à lui, le chef de l'État a annoncé ce mercredi plusieurs grandes mesures en la matière, comme le fait qu'aucun enseignant ne débutera sa carrière en dessous de 2000 euros nets mensuels, ou la création d'un fonds d'innovation pédagogique d'"au moins 500 millions d'euros".
"Nous avons beaucoup trop d'élèves malheureux"
Une révolution "copernicienne", que le chef de l'État justifie par le bilan sombre, "lucide" selon ses mots, qu'il a dressé de l'Éducation nationale. "Force est de constater que tout ne va pas bien dans le meilleur des mondes", a-t-il déclaré, et ceci "malgré le travail exceptionnel des enseignants, des chefs d'établissement, des directrices et directeurs".
Preuve en est, Emmanuel Macron a estimé que "nous avons beaucoup trop d'élèves malheureux, trop de parents d'élèves anxieux (...), de professeurs désabusés ou qui ont perdu le sentiment d'avoir perdu le sens de la mission ou de ne pas être reconnus, et d'entreprises qui ne trouvent pas de jeunes formés".
Un constat d'autant plus sévère que plusieurs réformes ont été réalisées sous le premier mandat du chef de l'État, comme celle du baccalauréat ou le dédoublement des classes de CP et CE1 en REP.
"Compte tenu du constat cruel que je viens de faire, cela veut dire que quelque chose ne va pas dans notre organisation collective", a jugé le président.
Une école qui ne gomme pas assez les inégalités de naissance
La solution résiderait donc dans plus de moyens alloués au budget de l'Éducation national, déjà principal poste de dépense de l'État? Non, selon Emmanuel Macron, qui voit des causes plus profondes. Il a fustigé un système "mal organisé, qui repose sur trop de défiances, perclue de doctrines d'arrière-gardes".
Quant aux résultats des élèves français, ils ne sont pas bons. "Force est de constater que le nombre d'élèves en difficulté en 10 ans a augmenté de 10 points, qu'un collégien sur quatre n'a pas le niveau attendu à l'entrée en sixième aussi bien en lecture qu'en mathématiques, que nos résultats internationaux restent extrêmement préoccupants", a-t-il lancé.
Avant de torpiller un système scolaire qui "ne corrige pas suffisamment les inégalités de naissance (...). La réussite d'un enfant est encore trop dépendante de l'origine sociale de ses parents".
Un chantier titanesque
Dernière critique du président: "le métier de professeurs n'attise plus le rêve, les vocations se tarissent". En effet, aux concours 2022, plus de 4000 postes d'enseignants ouverts n'ont pas été pourvus, mettant en grande difficulté certaines académies, parfois obligées d'avoir recours à des contractuels non formés aux métiers de l'enseignement. Une mesure qu'a étonamment tenu à défendre Emmanuel Macron: "il est parfois très intelligent de prendre des contractuels pour certaines missions".
Avec ce bilan, le chantier dessiné par Emmanuel Macron sous la coupole de la Sorbonne s'annonce titanesque. Mais nécessaire. "Nous rêvons d'une école qui fasse réussir nos enfants et qui fasse réussir la France", a déclaré Emmanuel Macron.