Prérequis à l'entrée de l'université: de quoi s'agira-t-il?

Des étudiants en première année de médecine en 2012 à Marseille lors d'un examen (photo d'illustration) - Anne-Christine Poujoulat-AFP
En quoi consisteront les prérequis conditionnant l'accès des bacheliers à l'université dès la rentrée 2018? Cette année, un nombre record de bacheliers ou étudiants en réorientation se sont retrouvés sur liste d'attente ou refusés par les universités faute de places. Près de 90.000 bacheliers sont toujours en attente d'affectation pour leur première année d'études post-bac.
"Enrayer la sélection par l'échec"
Une situation qui s'explique par la hausse démographique et la volonté d'un nombre accru de bacheliers de poursuivre des études supérieures. Depuis plusieurs années, les universités accueillent en effet à chaque rentrée 40.000 jeunes supplémentaires, une tendance qui devrait se poursuivre jusqu'en 2022.
Début juillet, le Premier ministre avait évoqué lors de son discours de politique générale des "contrats de réussite étudiante", qui indiqueront aux jeunes "les prérequis pour réussir dans la filière visée" -inscrits au programme de campagne d'Emmanuel Macron. Édouard Philippe a en effet défendu cet engagement du président censé "enrayer la sélection par l'échec". Et selon lui, cette réforme de l'université remplacera la sélection par tirage au sort, qualifiée de "scandale absolu", pour mettre en avant "le mérite et la motivation".
Dans une lettre adressée fin juin aux présidents d'université, la ministre de l'Enseignement supérieur Frédérique Vidal soulignait déjà que ce contrat de réussite reposerait sur "les souhaits exprimés par les futurs étudiants", "les exigences propres à chaque cursus diplômant" et "les capacités d'accueil des formations".
"Le meilleur comme le pire"
Reste à définir ces fameux prérequis, qui "peuvent cacher le meilleur comme le pire", note Jimmy Losfeld, président de la Fage, premier syndicat étudiant. "Ce n'est pas à l'université d'imposer un choix à un lycéen", déclare-t-il à l'AFP. La Fage prône l'instauration, pendant les années lycée, d'"une véritable orientation, qui responsabilise le jeune et lui permette de comprendre les formations de l'enseignement supérieur, en fonction de ses compétences et ses aspirations". "Il faut profiter de la réforme annoncée du bac pour dégager du temps destiné à de l'accompagnement individualisé" dans ce domaine, ajoute-t-il.
Pour l'Unef, l'autre grand syndicat étudiant, "derrière les mots 'prérequis' ou 'contrat de réussite' se cache une sélection déguisée". "Pas de sélection", martèle Lilâ Le Bas, sa présidente, qui réclame un travail sur l'orientation pour les lycéens, des licences moins spécialisées, des places supplémentaires en fac et une augmentation du budget pour les universités.
"1/5e des places réservé à ceux qui ont les meilleurs notes"
La Conférence des présidents d'université (CPU) se prononce quant à elle clairement en faveur de prérequis. Par exemple, l'obligation d'avoir fait de la biologie au lycée pour s'inscrire en Staps (sciences et techniques des activités physiques et sportives), une filière engorgée qui a refusé cette année près de la moitié des postulants (via le tirage au sort puisque la sélection sur dossier est interdite).
Pour le président de l'Université Paris-Descartes, le système mis en place outre-Rhin pourrait servir d'exemple. "Dans le système allemand, 1/5e des places est réservé à ceux qui ont les meilleurs notes à l'équivalent du bac, 3/5e des places sont accordés sur la base de pré-requis, et le dernier 5e est ouvert à tout le monde."
Les notes dans l'année pourraient être aussi être examinées. Des places seraient ainsi réservées à des lycéens qui ne répondraient pas aux prérequis mais dont le dossier prouverait la motivation, comme des compétences acquises hors du cadre scolaire, explique Gilles Roussel, président de la CPU. Il évoque aussi l'idée d'une année de remise à niveau avant d'entamer la licence pour certains postulants.
"L'objectif est d'aller vite"
Les acteurs de l'éducation entament à ce sujet à partir de ce lundi une vaste concertation au ministère de l'Enseignement supérieur. Parmi la vingtaine d'acteurs conviés figurent notamment les syndicats étudiants, la conférence des recteurs d'académie, la CPU ainsi que les associations de parents d'élèves, qui tous jugent indispensable une réforme du système.
Le calendrier n'est pas encore fixé, mais "l'objectif est d'aller vite" pour permettre la mise en œuvre des propositions à la rentrée 2018, indique-t-on au ministère. Selon d'autres sources, après le premier round de juillet, deux autres consultations se dérouleront en septembre et octobre, avec pour but un accord fin octobre.