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Philippe arrive aux Antilles en pleine polémique sur l'absence de professeurs à Saint-Martin

Le Premier ministre Edouard Philippe.

Le Premier ministre Edouard Philippe. - Patrick Kovarik - AFP

Ce week-end et lundi, Edouard Philippe fait étape dans les Antilles, deux mois après le passage de l'ouragan Irma. Il est notamment accompagné de sa ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, et de Jean-Michel Blanquer, son ministre de l'Education nationale, qui se sont opposés sur la question de l'absence de professeurs sur l'île de Saint-Martin.

Il y a deux mois, l'ouragan Irma frappait les Antilles, et ravageait 90% de l'île de Saint-Martin. Ce samedi, le Premier ministre Edouard Philippe débarque à la Martinique et achèvera son déplacement à Saint-Martin, lundi, pour la rentrée scolaire après la catastrophe. Le climat autour de cette visite s'est encore alourdi ce vendredi, à la veille du départ, en raison de l'opposition entre deux de ses accompagnateurs aux Antilles, sa ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, et son ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer, au sujet de l'absence pressentie de professeurs, partis de l'île de Saint-Martin après le désastre, lors de cette reprise des cours. 

La colère de Girardin, le recadrage de Blanquer

Vendredi, Annick Girardin était l'invitée de RTL, qui évoque sur son site le départ de 140 enseignants sur 800, et elle s'est dite "choquée" par le phénomène. "Ils devaient être présents, puisqu’ils sont payés, remonter leurs manches et faire autre chose peut-être qu'accueillir les enfants, c'est-à-dire réhabiliter l'école. Je ne sais pas, moi, je suis fonctionnaire, j'ai été ministre de la Fonction publique. J’estime qu’il y avait un devoir d'être présent. Pour moi, c’est de l'abandon de poste", s'est-elle même agacée. Elle a confirmé la possibilité de sanctions contre les enseignants manquant à l'appel lundi. 

Dans un communiqué paru également vendredi, Jean-Michel Blanquer a livré d'autres chiffres et une toute autre lecture des choses. Il a assuré que 90% des professeurs de l'île seraient bien là pour la réouverture des écoles. "A ce jour, seules 13 personnes ne se sont pas encore signalées au rectorat de la Guadeloupe", peut-on lire dans le texte. Il a même délivré un satisfecit:

"Le ministre, qui sera présent à Saint-Martin, aux côtés du Premier ministre, pour assister à la rentrée scolaire du 6 novembre, se félicite de cette très forte mobilisation de l’État et des collectivités. Il salue le dévouement des personnels qui ont permis la réouverture des écoles de Saint-Martin."

"Nous sommes des hommes et des femmes tout simplement"

Si les propos d'Annick Girardin n'ont pas plu à son confrère du gouvernement, ils plaisent encore moins sur place.

"Certains de nos collègues ont tout perdu, leur maison, leurs effets personnels et logiquement quand on a tout perdu, on va là où on se sent en sécurité. Je pense que c’est une réaction tout à fait légitime et normale. Au-delà du fait des fonctionnaires, nous sommes des hommes et des femmes tout simplement", a noté Jéranie Clavier Delormne, représentante syndicale SNUIPP-FSU et enseignante auprès de BFMTV.

Cette dernière a poursuivi, faisant observer que son institution demandait aux professeurs de "faire preuve de bienveillance" mais, a-t-elle ajouté, "quand j’entends ces propos, je ne sais pas où sont la bienveillance et l’empathie".

Un faux pas politique

Les observateurs de la vie politique ont eux aussi vu dans les déclarations d'Annick Girardin un fâcheux faux-pas. "Avec ce genre de déplacements, il s’agit de montrer qu’on est attentif aux populations, ça a un sens politique, pas seulement de communication. Là, on a le sentiment qu’elle se tire une balle dans le pied avant même d’être partie", a posé notre éditorialiste politique, Hervé Gattegno.

Bernard Sananès, président de l'institut de sondages Elabe, était sur la même ligne. "Jusqu’ici, je me disais que parmi les ministres, il y avait eu peu de couacs. Là, il y a un vrai couac, assumé en plus car on voit bien que madame Girardin n’hésite pas", a-t-il dit, avant de juger: "C’est assez étonnant et à quelques heures de la visite du Premier ministre, ça va sans doute remettre un peu de tension pour une visite qui était quand même attendue après les difficultés d’Emmanuel Macron quand il s’était rendu sur place."

Robin Verner