BFMTV
Education

Oui l'arabe est déjà enseigné à l'école, non il n'est ni ne sera obligatoire

Des personnes manipulent les pièces d'un puzzle en arabe, le 19 janvier 2006 à Paris, sur un stand de la 24e édition du salon Expolangues.

Des personnes manipulent les pièces d'un puzzle en arabe, le 19 janvier 2006 à Paris, sur un stand de la 24e édition du salon Expolangues. - Olivier Laban-Mattei - AFP

Les propos de Jean-Michel Blanquer sur le développement de l'arabe à l'école ont provoqué de vives réactions, notamment à droite et à l'extrême droite, donnant parfois lieu à des rumeurs infondées.

Le ministre de l'Education nationale a exprimé ce lundi sur notre antenne son souhait de voir se développer l'apprentissage de la langue arabe dans les établissements scolaires, au même titre que "d'autres grandes langues de civilisation" comme le chinois ou le russe.

"Développer", car l'arabe est déjà enseigné dans les écoles, contrairement à ce qu'a par exemple affirmé le député LR de l'Essonne Robin Reda, invité sur LCI ce mardi: "En voulant enseigner l'arabe à l'école, le gouvernement prend la responsabilité de créer des classes ethniques et communautaires".

0,25% des élèves apprennent l'arabe au collège et lycée

Selon des chiffres communiqués à BFMTV, le ministère de l'Education nationale indique que 567 enfants au total ont suivi des cours d'arabe en primaire en 2017-2018, dans le cadre des cours de langues vivantes à l'école, désormais obligatoires à partir du CP. Quelque 1.500 élèves se sont initiés au chinois, 300 au russe, mais plus de 90% des élèves apprennent l'anglais.

Dans le secondaire (collège et lycée général, technologique et professionnel), à la fois dans le public et le privé, 13.975 élèves ont suivi des cours d'arabe en France en 2017 sur plus de 5,6 millions d'enfants, soit 0,25% des effectifs. 

D'autre part, les enfants peuvent dans certains endroits suivre un cours facultatif d'1h30 à partir du CE1, dans le cadre des enseignements internationaux de langues étrangères (EILE), remplaçant progressivement les enseignements de langue et de culture d'origine (ELCO). Ils sont 58.000 à étudier l'arabe avec ce dispositif. 

Ces EILE concernent sept langues: arabe, turc, portugais, italien, espagnol, serbe et croate. Les enseignants sont mis à disposition par les pays partenaires mais sont désormais intégrés dans les équipes pédagogiques, inspectés et doivent maîtriser le français. Selon nos informations, le ministère veut également créer un système d'agrément afin que plus aucun enseignant ne soit pas validé par ses soins. Le travail reste compliqué car il relève de deux ministères: les Affaires étrangères et l'Education nationale. 

Pas de généralisation, pas d'obligation en vue

L'apprentissage de l'arabe existe donc déjà, possiblement à partir du CP, mais est loin d'être généralisé, et n'est pas obligatoire. Ce qui n'est pas non plus la volonté de Jean-Michel Blanquer, contrairement à ce qui a été relayé à droite et à l'extrême droite, et comme l'a affirmé le président de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan à plusieurs reprises, d'abord sur France Inter puis sur notre antenne.

"Je suis très surpris que le ministre veuille généraliser les cours d'arabe, j'aimerais qu'on généralise les cours de français", a-t-il déclaré au micro rouge. "Je trouve que sous prétexte de lutter contre le fondamentalisme, on nous prépare le début d'une islamisation de la France, je trouve ça très malsain", a-t-il poursuivi. 

Plus tard sur notre antenne, Nicolas Dupont-Aignan a assuré n'avoir "jamais été hostile aux cours d'arabe".

"Ce n'est pas ça dont il s'agit, là c'est monsieur Blanquer qui dit 'il y a des mosquées coraniques, donc on va apprendre l'arabe aux enfants qui habitent près des mosquées?'", a déclaré le président de Debout la France, estimant que c'était "le début d'un engrenage fatal pour le pays".

Même son de cloche du côté de Xavier Bertrand, président LR des Hauts-de-France, sur France Inter ce mercredi:

"Ça ne peut pas être l'enseignement de l'arabe obligatoire et je reste intimement convaincu qu'il faut faire attention à ce qu'on ait rien qui nous emmène davantage sur la voie du communautarisme."

Blanquer dénonce une déformation de ses propos

Jean-Michel Blanquer a vivement réagi ce mercredi en qualifiant Nicolas Dupont-Aignan de "triste personnage".

"Vous faites le jeu de ce que vous prétendez combattre en déformant scandaleusement mes propos", a-t-il écrit sur Twitter. "Vous ne servez pas votre pays mais votre basse politique", a-t-il déclaré.
Liv Audigane, avec Véronique Fèvre