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Nouvelles filières au bac: des inquiétudes pour l'avenir de l'orientation

Seul un jeune sur cinq dit ne pas avoir eu le choix dans son orientation.

Seul un jeune sur cinq dit ne pas avoir eu le choix dans son orientation. - Frederick Florin - AFP

Les nouvelles filières du baccalauréat seront mises en place à la rentrée 2019. En attendant, parents d'élèves et professeurs s'inquiètent du peu de visibilité sur les choix qui seront proposés aux lycéens.

"Pour la spécialité mathématiques, comment va-t-on savoir à quel niveau ça correspond?", "Comment les jeunes vont-ils pouvoir s'y retrouver avec ce qu'attendent les écoles?"... Lundi, le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer présentait au lycée Louis-Jouvet, à Taverny dans le Val-d’Oise, la réforme des filières du lycée, et répondait aux inquiétudes des professeurs comme des parents d'élèves.

Adieu les sections habituelles L, S et ES. Dès début 2019, les actuels élèves de seconde devront choisir trois spécialités pour leur rentrée en première, puis deux à leur rentrée en terminale, à partir de 2020. Le ministre de l'Éducation a vanté la possibilité avec cette méthode de "s'orienter avec le temps" et "d'un meilleur étalement" des décisions pour l'avenir. "Mais on est déjà au mois de novembre, et on ne sait pas quelles spécialités seront proposées dans quels établissements" s'inquiète Samuel Cywie, porte-parole de la PEEP, Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public, contacté par BFMTV.

"Un risque d'accroissement des différences territoriales"

L'Éducation nationale a déjà publié les spécialités, qui seront au nombre de douze, à retrouver dans l'arrêté du 16 juillet 2018 du ministère. Parmi ces douze matières, les établissements seront tenus d'en proposer au moins sept: histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques / physique-chimie / mathématiques / humanités, littérature et philosophie / langues, littératures et cultures étrangères / sciences de la vie et de la terre / sciences économiques et sociales.

Mais la répartition de toutes les spécialités sur le territoire ne sera donnée qu'en janvier. En plus des sept matières obligatoires, les lycées pourront proposer selon leurs possibilités: arts, biologie-écologie, littérature et LCA, numérique et sciences informatiques, ainsi que sciences de l'ingénieur. Le ministère de l'Éducation assure que les douze matières seront proposées dans toutes les académies, et propose des conventions entre établissements pour que les élèves puissent suivre la spécialité de leur choix.

Or, avec ce système "il y a un risque d'accroissement des différences territoriales déjà existantes" dans l'éducation nationale, souligne Samuel Cywie. "Il nous est expliqué que l’ensemble des spécialités seront proposées aux élèves à l’échelle de l’académie, mais c’est un leurre", déclare Raymond Artis, président de la FCPE (Fédération des conseils de parents d'élèves). "On sait très bien que tout le monde n’aura pas le loisir d’aller dans tel ou tel établissement" ajoute-t-il, notamment dans les territoires où les lycées sont éloignés les uns des autres.

"Des choix presque à l'aveugle"

En attendant "il est difficile de conseiller les jeunes qui ne savent pas ce que pourra leur proposer leur établissement", déclare Samuel Cywie. Selon lui, les élèves se retrouvent à faire "des choix presque à l'aveugle" et ne savent pas ce qui les attend dans les différentes matières. "Beaucoup des élèves ne se retrouvent pas, on n'a pas de vision d'ensemble" déclare également un professeur d'histoire-géographie du lycée Louis-Jouvet. "On nous propose quelque chose de très flou", ajoute un professeur de philosophie.

Face à cette inquiétude sur l'avenir des élèves et des matières, une psychologue de l'Education nationale se veut rassurante: "Au deuxième trimestre, il y aura des premiers choix qui seront provisoires et vont entraîner un dialogue avec les professeurs et les psychologues", ce qui laisse du temps à la réflexion pour les indécis. Des "entretiens individuels" ainsi que des "ateliers collectifs" viendront compléter l'aide à l'orientation.

L'inquiétude de l'enseignement dans le supérieur

Sans les repères habituels pour se diriger dans l'enseignement supérieur, difficile également pour les élèves de savoir quelles spécialités choisir. "Pour certains parcours la question ne se pose pas, mais par exemple si on veut faire une prépa vétérinaire, vaut-il mieux choisir mathématiques et SVT ou mathématiques et physique?" se demande Samuel Cywie.

Là encore, le ministère se veut rassurant. Lors de la réunion au lycée Louis-Jouvet, les intervenants ont assuré qu'après le baccalauréat, les écoles cherchent avant tout "des compétences". De plus "nous travaillons avec les doyens des universités" à qui "il tarde d'avoir des profils pluriels" dans leurs écoles. Profils pluriels que le système des spécialités est censé encourager.

Salomé Vincendon avec Véronique Fèvre