Les pistes pour lutter contre la violence dans les établissements scolaires

Des élèves lors du Bac de philosophie à Paris, en juin 2017. - Martin BUREAU / AFP
Les témoignages de professeurs exprimant leur désarroi sur la dégradation de leurs conditions de travail, notamment grâce au mouvement #PasdeVague, affluent sur les réseaux sociaux, depuis qu'un élève du Val-de-Marne a été filmé en train de braquer une arme factice sur son enseignante. Le gouvernement a annoncé un "comité stratégique" en vue de "rétablir l'ordre et l'autorité" dans les établissements scolaires "en situation dégradée".
Les études chiffrées de 2017 jugent pourtant les violences scolaires plutôt stables dans les collèges et lycées français, avec 14 incidents pour 1.000 élèves, et 25 dans les lycées professionnels. Mais si la plupart demeurent des violences verbales, ces agressions tendent de plus en plus à s'en prendre à "l'institution" elle-même.
"Ce genre de faits-là ne se passent pas dans tous les établissements scolaires" relativise Christel Boury, proviseure du lycée Jules Ferry à Paris et syndicat des personnels de direction de l'Education nationale, qui considère cet épisode comme "un cas isolé".
Traiter la question des micro-violences
"On ne peut pas dire, même pour les mineurs, qu'il y ait du laxisme" a assuré la ministre de la Justice ce lundi soir sur BFMTV, indiquant que "plus de 900 jeunes sont aujourd'hui en prison".
Interrogée sur les solutions envisageables pour sortir de ces cas de violences scolaires, Nicole Belloubet a préconisé le maintien d'un équilibre entre "une très grande fermeté sans jamais oublier l'éducatif", tout en "réintroduisant le respect des règles à l'école". Nicole Belloubet a également expliqué que dans le cas de cet élève de Créteil, "il y a des circonstances aggravantes qui sont en principe passibles de 7 ans de prison".
Le hashtag #PasdeVague, lui, laisse penser que cet incident n'était pas un cas isolé. Les professeurs tire la sonnette d'alarme sur la réalité de leur métier, ponctuée de violences dans certaines salles de classe.
"Les enseignants sont souvent confrontés à des faits de violences" confirme Benoît Teste, secrétaire général adjoint du SNES-FSU, qui s'indigne du fait que les professeurs en difficulté ne soient pas soutenus par leur hiérarchie.
"Il y a une forme d'omerta sur les petites incivilités" explique le syndicat. "Il arrive qu'elles ne remontent pas quand on estime que ce sont des faits trop petits pour justifier une remontée et, ainsi, on peut laisser s'installer une dégradation".
En 2015, une enquête révélait d'ailleurs que les professeurs, victimes d'agressions verbales et parfois de menaces de la part d'élèves mais aussi de leurs parents, étaient de plus en plus nombreux à souscrire à une assurance "spéciale profs".
"Davantage de moyens humains"
"Nous alertons depuis de longues années sur le fait que certaines zones ciblées devaient être sous la protection de gens dont la sécurité était le métier" soutient aussi Christel Boury, qui "prône des plans d'action adaptés en fonction de la situation individuelle des établissements".
"Il n'y a pas de mesure miracle" souligne quant à lui Jean-Rémi Girard, secrétaire général du syndicat national des lycées et collèges. "Ca fait plusieurs années qu'on a des taux qui sont rigoureusement les mêmes en terme de violences. Il y a deux choses: les facteurs externes où l'éducation nationale ne peut strictement rien, car on arrive en bout de chaîne et on se prend dans la figure tous les problèmes sociaux, familiaux, économiques et on réagit comme on peut."
"Il y a ensuite la question du fonctionnement interne et des moyens humains: il faut avoir de la surveillance dans les établissements, davantage d'assistances sociales, de psychologues ou de médecins: du personnel qui peut parfois prévenir un certain nombre de choses".