"Je ne fais jamais mes besoins là-bas": un élève sur trois évite les toilettes de son collège

C'est un sujet aussi intime que tabou chez les élèves: le passage aux toilettes. Un lieu que les collégiens tendent à éviter au maximum, comme le révèle une enquête menée par le magazine jeunesse Okapi ce lundi 14 avril.
Résultat: un tiers des élèves n'utilisent pas les toilettes de leur collège et affirment ne pas s'y sentir en sécurité, tandis que 6 interrogés sur 10 se sont déjà retenus toute une journée plutôt que d'y aller. Des opinions recueillies auprès de 1.200 élèves dans un questionnaire en ligne, dont 75% de filles.
Ces chiffres sont "à relier à un autre chiffre qui me paraît important: 77% de collégiennes et collégiens pour qui c'est un sujet tabou, qui n'en parlent pas", déplore Jean Yves Dana, le rédacteur en chef de la revue jeunesse.
"On n'a même pas de savon!"
Mais pourquoi les élèves boudent-ils les cabines et urinoirs? Car ils estiment qu'ils ne sont ni propres, ni intimes, comme en témoignent plusieurs auprès de BFMTV à la sortie d'un collège d'Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).
"Il n'y a pas de papier toilette et les séchoirs sont cassés", "on n'a même pas de savon pour se laver les mains, il y a de l'eau par terre", témoignent deux d'entre eux sous couvert d'anonymat.
"Je ne suis pas à l'aise dedans, je fais jamais mes besoins là-bas", "je n'y vais plus, je n'y vais plus maintenant", racontent deux autres.
Dans cet établissement la situation est particulièrement catastrophique. Portes cassées, sorties de leurs gonds, murs détériorés: ni propreté, ni intimité pour faire ses besoins.
Si les élèves ne font pas, fatalement, ils se retiennent. Et cette pratique n'est pas sans conséquence. "Si on n'urine pas, les bactéries qui adorent l'humidité vont se reproduire et remonter le long de l'urètre jusque dans la vessie et générer des infections urinaires", explique Christophe Mercier Thellier, un hygiéniste et microbiologiste. Le fait de se retenir entraîne également des risques d'occlusion intestinale.