BFMTV
Education

Études supérieures: la difficile mise en place de Parcoursup pour les universités

Des étudiants à l'université de Rouen-Normandie à Mont-Saint-Aignan en octobre 2017 (photo d'illustration)

Des étudiants à l'université de Rouen-Normandie à Mont-Saint-Aignan en octobre 2017 (photo d'illustration) - Charly Triballeau-AFP

Professeurs et présidents d'université tirent la sonnette d'alarme: Parcousup n'est pas prêt alors que la nouvelle plateforme doit ouvrir ce lundi. Ils estiment que la réforme de l'enseignement supérieur est difficilement applicable en l'état.

Fini APB, place à Parcoursup. Ce lundi, la nouvelle plateforme d'admission post-bac ouvrira. Elle est censée éviter les couacs et simplifier l'entrée des étudiants dans l'enseignement supérieur, qui pourront commencer à formuler leurs vœux à partir du 22 janvier prochain. La fin d'un cauchemar pour le gouvernement. Mais pas pour les universités. Comment trier des milliers de candidatures? Sur quels critères? Les enseignants sont inquiets.

"La réforme ne peut pas être appliquée"

"Il y a un problème, vraiment, de critère, s'alarme pour BFMTV Annliese Nef, enseignante chercheur d'histoire médiévale à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. C'est-à-dire sur quoi est-ce qu'on classe? C'est soit du doigt mouillé, soit on se rabat sur les notes et donc on utilise un critère qui, en théorie, ne devrait pas être utilisé. La réforme, en l'état, ne peut tout simplement pas être appliquée."

Résultat, à la Sorbonne comme dans d'autres facultés, les professeurs refusent de remonter les critères au ministère et de participer au tri des dossiers. Ce n'est en effet plus un logiciel qui classera les candidatures mais les établissements eux-mêmes qui devront avoir remis leurs critères de classement dans une dizaine de jours.

"Il y a une véritable tension car nous savons tous, par expérience, que décider à l'avance, à 17 ans et demi, qui va redoubler ou qui ne va pas redoubler n'a strictement aucun sens", dénonce pour BFMTV Christophe Pébarthe, enseignant chercheur d'histoire ancienne à l'université de Bordeaux.

Ils demandent des moyens supplémentaires

Quant aux parcours d'accompagnement pour les étudiants trop faible promis par le gouvernement, ils paraissent impossible à mettre en place d'ici la rentrée prochaine. Le candidat qui recevra la réponse "oui si" devra s'engager dans "un parcours personnalisé" pour accéder à cette filière. C'est-à-dire que l'établissement pourra exiger de lui une remise à niveau pouvant aller de quelques mois à une année complète. Mais les universités ne sont pas prêtes, estiment les présidents d'université.

"Les choses qu'on va faire ne pourront pas être à la hauteur de ce qu'on voudrait faire, regrette pour BFMTV Gilles Roussel, président de la conférence des présidents d'université. Il y a deux sujets: c'est le temps pour le mettre en place, et les moyens supplémentaires. Parce que si on veut mieux accompagner, on sait bien que ça ne se fait pas à coûts constants."

Les établissements du supérieur s'alarment d'un nouveau flux de 40.000 nouveaux étudiants à la rentrée prochaine. Il faudrait, selon eux, 400 millions d'euros supplémentaires pour les accueillir. C'est cinq fois plus que ce qu'a prévu le gouvernement.

C.H.A. avec Véronique Fèvre