Enfants en situation de handicap privés de cantine: le sénateur Cédric Vial interpelle Élisabeth Borne

Cédric Vial, sénateur LR de la Savoie veut sensibiliser à nouveau Élisabeth Borne aux enjeux de l'école inclusive. - Cédric Vial
Des écoliers en situation de handicap encore privés de cantine. Cédric Vial, sénateur LR de la Savoie a adressé le 28 août un courrier à la ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, pour l'interpeller sur la situation d'élèves ne pouvant bénéficier de la restauration scolaire faute d'accompagnement adéquat.
"Je tenais à m'adresser à vous en cette veille de rentrée scolaire afin de vous sensibiliser, une fois de plus, aux enjeux de l'école inclusive", l'interpelle-t-il dans le document consulté par BFMTV.

"On a des retours de terrain qui m’inquiètent, soit parce que la prise en charge n’existe pas, soit parce qu’on tient un discours aux parents en disant: 'si vous voulez qu’on accompagne votre enfant sur le temps de midi, on va lui enlever son temps d’accompagnement sur le temps scolaire", explique le sénateur à BFMTV.
"C’est un discours qui est insupportable. C’est soit il mange, soit il suit les cours. C’est insupportable d’entendre ça et on l’a entendu dans plein d’endroits"
Régulièrement, les récits de ces familles qui doivent se débrouiller provoquent l'émoi comme en 2022 à Lyon avec Olivier, un garçon autiste de 10 ans qui mangeait sous le préau de son établissement avec sa mère qui devait faire un long trajet depuis son bureau pour qu'il ne se retrouve pas seul.
Améliorer la prise en charge
En 2022, les collectivités locales étaient responsables de l'accompagnement des enfants en situation de handicap (AESH) pendant la pause-déjeuner. Pour améliorer et harmoniser cette prise en charge, le sénateur Cédric Vial (LR) a porté une loi entrée en vigueur en mai 2024. Aujourd'hui, le parlementaire regrette que son texte ne soit pas correctement appliqué.
Selon les chiffres donnés par le parlementaire, il y a parmi le demi-million d'élèves en situation de handicap, près de 300.000 écoliers qui nécessitent un accompagnateur dont 26.000 qui en ont besoin à la fois sur le temps scolaire et à la cantine.
Dans des échanges à la fin de l'année dernière avec Cédric Vial, le ministère de l'Éducation nationale avait chiffré 70 % de situations résolues. "C'est mieux que rien mais ce n'est pas satisfaisant", reconnaît-il. Sollicité, le cabinet d'Élisabeth Borne n'a pas répondu à ce stade à BFMTV.
"Ce n'est pas un manque de moyens"
L'élu savoyard demande au gouvernement de mettre ses directions académiques, dans les départements, au diapason. "Aujourd'hui, on a plus de 4,5 milliards d'euros de budget sur l'école inclusive. Ce n'est pas un manque de moyen, c'est un manque d'organisation", assure-t-il.
"Sur le terrain, il y a des consignes qui sont mal passées, les agents nous disent que les moyens ne sont pas redescendus jusqu'à eux, ou alors que ces moyens sont transformés pour être mis sur d'autres fonctions", illustre le sénateur qui a travaillé par lé passé au cabinet du ministère de l'Éducation nationale.Avant d'ajouter: "Il n'y a pas de consignes claires qui sont données dans les réunions avec les recteurs ou inspecteurs d'académie, donc c'est le système D, la débrouille."
Faire travailler plus longtemps les AESH ?
Alors que le ministère compte aujourd'hui sur un pool de 125.000 accompagnants d'élèves en situation de handicap, le sénateur estime que l'on pourrait gagner les heures manquantes pour la cantine en proposant aux AESH volontaires de passer au-delà des 24 heures généralement réalisées.
"Le besoin, il est identifié à environ à 1.200 équivalent temps plein. Ce ne sont pas 1.200 accompagnants en plus, ce sont des heures complémentaires qu'on va confier à des AESH. Ça permet à certaines d'entre elles qui voudraient travailler plus de faire 32 heures ou 30 heures et donc d'être payées aussi plus", considère Cédric Vial.
Or, la plupart des syndicats qui accompagnent les AESH dans un bras de fer avec le gouvernement pour obtenir des salaires décents, des formations ainsi qu'un statut de fonctionnaire, défendent une amélioration des conditions de travail sur la base d'un temps partiel. Ces personnels, des femmes en grande majorité, optent en effet pour ce métier parce qu'il leur permet de s'occuper en parallèle de leurs enfants.