Lyon: un enfant autiste exclu de la cantine, Grégory Doucet pointe une "pénurie des métiers du soin"

C'est un sujet qui préoccupe "énormément" le maire de Lyon. Olivier, un jeune autiste de 10 ans, a été exclu de la cantine scolaire de son établissement, situé dans le 9e arrondissement, le 24 novembre. Sa mère, obligée de venir s'occuper de lui pendant la pause méridienne, a alerté sur son histoire.
"Olivier a fait une crise entre le temps périscolaire et le temps scolaire, au moment de retourner en classe", explique Cécile dans une vidéo d'Handicap.fr.
"On a pourtant mis un protocole de gestion des crises en place qui a bien fonctionné par le passé. Là, son maître d'ULIS (Unité localisée pour l'inclusion scolaire, ndlr) n'étant pas là, il n'avait plus son référent scolaire", continue-elle.
"Le cœur en miettes"
Au micro de BFM Lyon, elle dit avoir "le cœur en miettes": "On exclut mon enfant, qui est porteur de handicap. La loi de 2005 n'est pas respectée, l'inclusion d'enfants porteurs de handicap n'est pas respectée".
"J'aimerais manger à l'intérieur avec mes copains parce qu'on peut discuter, après on peut jouer", dit le jeune garçon au micro de Lyon. La crise survenue la semaine dernière, il essaie "de l'oublier exprès", pour ne pas que cela "le remette dans des émotions pas possibles."
Conséquence de cette exclusion, la mère d'Olivier doit faire une heure de trajet depuis son bureau chaque jour pour aller manger avec son fils. Elle partage ensuite pendant deux heures un repas avec ce dernier sous le préau de l'établissement, avant de reprendre la route pour retourner travailler. Soit quatre heures au total pour que son fils ne soit pas seul.
Le maire de Lyon réagit
Depuis jeudi, une salle de l'école a été mise à leur disposition pour ne plus que Cécile et Olivier déjeunent dans le froid. De l'avis de Grégory Doucet, cette solution "n'est pas durable, satisfisante".
Dans une vidéo publiée ce vendredi sur ses réseaux sociaux, le maire de Lyon a déploré un cas qui n'est "pas isolé", les communes faisant face "à une pénurie des métiers du soin" et "en particulier d'AESH".
"Je sais aussi l'engagement du personnel de la Ville, de l'Éducation nationale pour trouver des solutions. Ce qui est important, c'est de renouer le dialogue avec la famille, trouver la meilleure des solutions possibles pour Olivier lui-même, mais aussi pour son environnement", a-t-il ajouté.
Un besoin d'investissements massifs
Pour l'édile, il est aussi nécessaire de prendre en considération "les professionnels qui travaillent avec lui, qu'ils soient de l'Éducation nationale, qu'ils soient de la Ville", la famille du jeune Olivier mais aussi ses camarades de classe.
"L'intérêt qu'Olivier puisse fréquenter l'école publique, c'est de pouvoir être intégré, de pouvoir être inclus même si ce sont des formules qui sont à aménager. C'est fondamental", explique Grégory Doucet.
"On sait qu'on a besoin d'investissements beaucoup plus massifs, notamment de l'État et du gouvernement", termine Grégory Doucet.
"Le problème est pris dans le mauvais sens"
De l'avis de Chams-Ddime Belkhayat, président de l'association BleuNetwork, "le problème est pris dans le mauvais sens".
"On se dit qu'on ne peut pas l'accueillir parce qu'on n'a pas assez de personnel ou on n'a pas assez de personnel formé. Faux, développe l'intéressé à notre micro. La question, c'est comment on va l'accueillir et comment on va mettre en place une politique pour former tout nos personnels. Donc on créé les outils, on créé les moyens et on permet à tout le monde d'être accueilli de la même manière au sein de toutes les institutions de la République."
Une réunion regroupant la Ville, l'inspecteur académique et la famille d'Olivier est prévue lundi pour tenter de trouver une solution pérenne.