Éducation à la sexualité: trois ex-ministres appellent à ne "pas céder aux pressions"

Nicole Belloubet, Frédéric Valletoux et Aurore Bergé. - AFP
Trois ex-ministres appellent dans une tribune publiée dans La Tribune dimanche, à ne "pas céder aux pressions" et à mettre en oeuvre le programme d'éducation à la vie affective et sexuelle mis en cause par des élus et organisations conservatrices.
"Le programme que nous avons construit n'a rien d'idéologique: il est pragmatique et concret", affirment Nicole Belloubet (Renaissance), ex-ministre de l'Education nationale, Aurore Bergé (Ensemble), ex-ministre déléguée chargée de l'Egalité entre les Femmes et les Hommes, et Frédéric Valletoux (Horizons), ancien ministre de la Santé.
Lutter contre les représentations erronées et violentes
"Les opposants à ce programme utilisent des mots comme 'théorie du genre' pour semer le doute et la confusion. Cette expression n'est pas inscrite dans le programme!", écrivent-ils.
"Nous ne devons pas céder à ces pressions. Oui, l'éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité éveille des débats, mais ceux-ci ne doivent pas freiner sa mise en oeuvre", poursuivent-ils.
"Aujourd'hui, ce sont les contenus pornographiques qui s'imposent comme le premier vecteur d'éducation sexuelle de nos adolescents. Ils transmettent des représentations erronées, violentes et stéréotypées des relations", complètent les ex-ministres qui cosignent ce texte avec Véronique Riotton présidente de la délégation aux droits des femmes, et Guillaume Gouffier Valente, députés Ensemble.
Le ministre délégué (LR) à la Réussite scolaire Alexandre Portier a jugé mercredi devant le Sénat que le texte actuel n'était "pas acceptable" en l'état, promettant de "s'engager personnellement pour que la 'théorie du genre'", qui nierait les différences sexuelles, "ne trouve pas sa place dans nos écoles".
L'enseignement catholique veut un programme remanié
"Un ministre ne devrait jamais contribuer à propager de fausses informations. Surtout pas sur un sujet aussi sensible", rétorquent les trois ex-ministres.
Tout en assurant "partager les ambitions du programme", l'enseignement catholique et l'association des parents d'élèves de l'Ecole libre (APEL) ont exprimé vendredi de "sérieuses réserves" quant à son contenu et demandé qu'il soit "profondément remanié".
Le contenu du programme avait été critiqué auparavant par des organisations conservatrices comme le Syndicat de la Famille, ex-Manif pour tous ou SOS Education.
La ministre de l'Education nationale Anne Genetet a soutenu ce programme vendredi, assurant que "la machine est lancée". Le texte doit être présenté le 12 décembre au Conseil supérieur de l'éducation (CSE), instance consultative, en vue d'une mise en oeuvre à la rentrée 2025.
La loi depuis 2001 rend obligatoire l'éducation sexuelle dans les écoles, collèges et lycées, à raison d'au moins trois séances annuelles, mais est, dans les faits, peu respectée.