Eagles of Death Metal à l'Olympia: un concert pour vaincre le traumatisme?

Au lendamain des attentats du 13 novembre, the Eagles of Death Metal étaient venus se recueillir devant le Bataclan. - Miguel Medina - AFP
Ils l'ont déjà affirmé: les membres du groupe Eagles of Death Metal veulent être les premiers à rejouer dans la salle de spectacle du Bataclan. Trois mois, quasiment jour pour jour, après l'attaque de trois terroristes lors de leur concert dans la salle du 11e arrondissement parisien, le groupe californien va remonter sur scène. Ils seront ce mardi soir à l'Olympia.
En décembre, à l'annonce de la tenue de ce concert, Jesse Hughes, le leader du groupe, expliquait que "ne pas revenir pour finir notre concert (celui du 13 novembre, NDLR) n'a jamais été envisagé". Aujourd'hui, les Eagles of Death Metal pensent avoir été "chargé par Dieu" pour revenir jouer à Paris.
"J'ai le sentiment que nous avons été choisis par les circonstances, pour le meilleur et pour le pire. Je le prends comme une responsabilité", confiait Jesse Hughes à l'AFP il y a quelques jours. Ce dernier ne sort désormais plus sans son "flingue". "Je veux être prêt", insiste-t-il.
"Un hommage pour ma fille"
Dans le public, l'émotion sera vive. La production Nous Productions a décidé d'inviter l'ensemble des rescapés de l'attaque du Bataclan, mais également les famille des victimes. Les places restantes - l'Olympia peut accueillir 1.772 personnes - avaient été mises en vente en janvier. Un rendez-vous autant attendu que redouté par ceux qui ont été touchés directement par les attentats de Paris.
"C’est important parce que je vais avoir l’impression de la faire revivre un peu, c’est une impression, bien sûr, mais c’est un hommage pour ma fille et son compagnon", confie à BFMTV Patricia. Le 13 novembre dernier, elle a perdu sa fille unique Priscilla lors du concert. Mardi, cette mère en deuil sera à l'Olympia.
"J’appréhende les gens qui vont avoir des émotions, qui ne vont pas être capables de le garder pour eux, qui vont s’exprimer, des gens en pleurs, ça va être assez fort", prévient-elle.
Pour d'autres, la décision d'assister ou non à ce concert n'a pas encore été prise. "J'ai mon invitation pour y aller, je me rendrai certainement devant la salle, et je prendrai ma décision au dernier moment", affirme lundi soir sur BFMTV Alexis Lebrun, un rescapé du Bataclan. Mais même s'il décide d'y aller, le jeune homme, également membre de l'association Life for Paris, ne garantit pas qu'il ne sortira pas à un moment.
"Ca risque d'être un moment difficile pour moi", détaille-t-il.
"Ce concert ne va pas tout guérir"
Toutefois les spécialistes tentent de prévenir. "Ceux qui veulent vraiment y assister doivent réfléchir au pourquoi et s'y rendre en connaissance de cause", explique à l'AFP Carole Damiani, psychologue et directrice de l'association Paris Aide aux victimes. "On ne doit attendre d'un concert que ce qu'un concert peut apporter. Autrement dit, il ne faut pas attendre -je l'ai beaucoup entendu des victimes- qu'il les sorte de leur traumatisme, qu'ils les fassent passer à autre chose", poursuit-elle.
Et d'ajouter: "Il ne faut pas être dans l'illusion que ce concert va tout guérir, va tout soigner, va permettre de tout régler."
Pour la directrice de l'association Paris Aide aux victimes, la tenue de ce concert est un peu précoce. "Trois mois c'est court, détaille-t-elle. Il y a un risque de replonger. Et pour certains, cela peut être douloureux." Pour accompagner au mieux le public, un dispositif d'accueil et d'aide avec une trentaine de personnes, dont des psychologues, sera mis en place. Une visite de la salle de l'Olympia permettra aux rescapés de voir la configuration des lieux et voir s'ils peuvent supporter le concert.
Un concert sous haute surveillance
Pour prévenir tout risque d'une nouvelle attaque, la préfecture de police de Paris a décidé de renforcer la protection de la salle de concert, située boulevard des Capucines, à deux pas de l'Opéra Garnier. Des rondes et des patrouilles seront mises en place dès mardi matin aux abords de l'Olympia. Puis dès la mi-journée, le secteur va être "sanctuariser", indique Johanna Primevert, porte-parole de la préfecture de police de Paris. Les rues Scribe, Edouard VII et Caumartin seront vidées des deux-roues en stationnement et des piétons.

Concernant l'accès au concert, deux niveaux de filtrage vont être mis en place. Un premier niveau pour rentrer dans le périmètre de sécurité, puis un second pour accéder dans la salle de concert. Les spectateurs devront se soumettre à des palpations et devront passer sous un détecteur de métaux, détaille la préfecture. Pour optimiser cette sécurité, des chiens renifleurs circuleront également dans le périmètre mais aussi dans la salle avant le début du concert.