Distributions alimentaires aux migrants: le ras-le bol des habitants du 18e

Dans le quartier de la Chapelle-Pajol, la scène se répète tous les jours. Sur le trottoir, des migrants se regroupent pour récupérer un repas, distribué par des collectifs ou associations. Une situation qui exaspère les riverains de ce quartier du 18e arrondissement.
"Depuis un an, ce lieu entouré par des immeubles, entouré par des commerces est un lieu de distribution alimentaire. A partir de 3 heures l'après-midi, jusqu'à parfois 22 heures, il y a des distributions et ça fixe les migrants là", déplore Marie-Magdeleine, une habitante du quartier.
A chacune de ces distributions alimentaires, entre 100 à 300 migrants venus principalement d'Erythrée ou du Soudan se regroupent. Le quartier autour de la rue Pajol est devenu pour eux un véritable point de repère.
"Je ne connais aucun autre endroit où aller. Si je vais à Barbès, Jaurès ou dans un autre lieu, je ne connaîtrais personne. Ici, je peux faire des connaissances, car ici je connais beaucoup de personnes qui viennent de mon pays", explique Omda, originaire du Soudan.
"Des gens à même le trottoir en train de manger"
Pour les riverains, ces distributions alimentaires doivent prendre place dans de meilleures conditions.
"Quand on voit des gens accroupis à même le trottoir en train de manger, on se demande où on est! Il est clair que cette situation doit être réglée tant pour les riverains que pour les migrants", plaide François Lemoine-Counil, membre du Conseil de quartier de la Chapelle.
Les associations ou collectifs qui distribuent de la nourriture chaque matin estiment de leur côté que la distribution n'occasionnent pas de gêne.
"Ne confondons pas un humanitaire basique et un devoir d'accueil qu'on a tous, avec des fixations qui sont un faux problème, dès lors que ça ne gêne pas. Je ne vois pas pourquoi ça devrait poser un problème", estime Mark Gore, membre de l'association Quartiers solidaires.
Vers l'encadrement des distributions
Depuis le 14 novembre dernier, une distribution officielle sous l'égide de la mairie du 18e a été mise en place. Ces distributions doivent permettre "de répondre à la nécessité de faire en sorte que les gens ne meurent pas à la rue dans Paris et en même temps de permettre que ça se fasse dans un cadre organisé, propre, claire et avec des structures, des associations reconnues", explique Eric Lejoindre, le maire du 18e.
Mais des associations ou de simples collectifs continuent d'apporter leur aide à travers des distributions alimentaires non encadrées. Des pourparlers entre la mairie et ces structures sont en cours.