"Des parkings de la honte": ces "zones neutres" pour éviter les tensions entre ex-conjoints lors des échanges d'enfants créent la polémique

À Pont-Sainte-Maxence (Oise), un nouveau dispositif a fait son entrée dans le paysage urbain: la "zone neutre". Ces places de parking, sous vidéosurveillance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, visent à éviter les violences entre les parents lors de l'échange des enfants le week-end, rapporte Le Parisien.
"Lorsque (les échanges d'enfant) se faisaient à domicile ou à la sortie de l'école, ça pouvait susciter des tensions entre les conjoints devant les enfants", explique Lieutenant Adrien Bosquet, commandant de la communauté de brigade de la gendarmerie, à BFMTV. L'idée ici est de proposer un cadre pour limiter au maximum les tensions", au sein des familles avec parfois un passif de violences intrafamiliales.
Mise en place en 2022, ces places de parking, pour le moins atypiques, s'inspirent du modèle canadien. À Québec, les habitants peuvent compter sur la "zone de rencontre neutre", située à proximité du poste de police, pour effectuer une transaction ou échanger leurs enfants "en toute sécurité", détaille la Ville.
Solution contre les violences intrafamiliales
Pour le maire (LR) de Pont-Sainte-Maxence, Arnaud Dumontier, ce nouveau dispositif est une réussite. Auparavant, les échanges entre les parents constituaient bien souvent "des moments de tension" le vendredi soir ou le lundi matin.
Aujourd'hui, "il n'y a plus d'intervention, ni de la police municipale, ni de la gendarmerie nationale aux sorties des écoles", se réjouit-il auprès de BFMTV.
Coût du dispositif: 12.000 euros. S'il n'est pas possible de comptabiliser le nombre de passage par ces places de parking, les incidents entre parents se font de plus en plus rares, selon la municipalité, qui rappelle que ces places de parking sont un soutien au travail de lutte contre les violences intra-familiales opérée par la gendarmerie.
Le dispositif est d'ailleurs soutenu par certaines associations familiales comme les Udaf (union départementale des associations familiales) ou encore le CIDFF (centre d’information sur les droits des femmes et des familles), précise Le Parisien.
Le dispositif, synonyme d'échec?
Si elle n'est pas opposée au dispositif, l'association Justice des familles déplore tout de même un échec de la justice, qui ne protège pas suffisamment les enfants de leurs parents violents selon sa présidente.
"Si on a besoin de ces parkings, c'est qu'on a rien fait avant. C'est avant qu'il faut retirer ou réduire les droits de visite et d'hébergement d'un parent pour lequel il y a une suspicion de violence", explique Clémence Dreyfus à BFMTV.
Pour l'association, qui lutte contre les violences intrafamilliales, le mode opératoire de ces zones neutres peut aussi être remis en question. "On se retrouve avec des enfants échangés face à des militaires, comme dans une zone de guerre", souligne Clémence Dreyfus au Parisien, évoquant des "parkings de la honte". "C’est une réponse de fortune, du bricolage, pour que des parents violentés se sentent protégés", martèle la militante.
Pour Clémence Dreyfus, l'évidence est pourtant est clair, résume Le Parisien: si une femme se sent en danger au moment de confier son enfant à son ex-compagnon, ce dernier ne doit pas en avoir la garde. Selon l'Insee, 72 % des victimes de violences conjugales sont des femmes.
En plus de l'Oise, ces places de parking ont déjà éclos dans de nombreux départements, tels que l'Aveyron, l'Ain, l'Aisne et la Charente-Maritime.