Haut-Rhin: la cellule psychologique pour les enfants victimes collatérales de violences conjugales menacée

À peine plus d'un an après sa création, la cellule d'écoute psychologique pour les enfants victimes collatérales de violences conjugales est en péril. Alors qu'elle avait été ouverte en mars 2024 à Mulhouse après le lancement d'un appel à projet de la Collectivité européenne d'Alsace, cette dernière a annoncé arrêter son financement.
Une décision incompréhensible pour l'association Solidarité Femmes 68, qui porte le projet. Pour Stéphanie Rosé, psychologue au sein de la cellule, le dispositif est crucial pour les enfants, mais permet aussi de former les professionnels aux violences conjugales, un passage obligatoire pour suivre les jeunes victimes collatérales.
"C'est très spécifique ce qui se passe au sein de la famille. Sans avoir cette connaissance, je pense qu'on peut se méprendre, notamment sur les symptômes que présente l'enfant." Un accompagnement précieux aussi pour les parents victimes des violences conjugales qui souhaitent aider leurs enfants. "J'ai deux enfants. La grande, à l'âge de 7 ans, a des mots extrêmement difficiles. Elle voulait mourir. Elle disait qu'elle ne méritait pas de vivre. Elle a demandé pourquoi on l'avait fabriqué", raconte une mère à BFM Alsace.
"Donc mes enfants ont été suivis. Et aujourd'hui, ils revivent. Ils ont retrouvé leur joie de vivre", finit-elle, soulagée.
Depuis la création de la cellule psychologique, en un an, plus de 75 enfants ont été accompagnés.
La CEA assure "rester mobilisée"
La cellule a été ouverte grâce à une convention signée entre la CEA et l'association "pour la période du 1er mai 2023 au 31 décembre 2024". "Une prorogation jusqu’au 31 mars 2025" a ensuite été décidée "en raison de la difficulté à recruter les psychologues nécessaires", nous précise la Collectivité européenne d'Alsace.
Cette dernière a décidé de mettre fin au projet pour faire face aux réductions de budget. Obligée de se serrer la ceinture, elle est contrainte de faire des choix. Contactée par BFM Alsace, elle explique avoir répondu, à l'époque, "à un besoin urgent", qui depuis à trouver d'autres solutions.
"Cette association avait été retenue dans un contexte post-Covid et d’augmentation des situations de violences conjugales. (...) Depuis, l'État a mis en place un dispositif complémentaire d’accompagnement psychologique, offrant gratuitement 10 séances aux enfants via l’assurance maladie et la CEA reste mobilisée pour soutenir les familles."
L'association à la recherche de financement
Loin d'être résignée, l'association Solidarité Femmes 68 est aujourd'hui à la recherche de financeurs et se tourne donc vers les institutions, les fondations ou encore les entreprises.
"Vu les résultats dans le département du Haut-Rhin de cette cellule et de la prise en charge des enfants, on ne peut pas arrêter", déclare fermement Véronique Laouer, directrice de l'association.
L'association a déjà "pris sur elle" pour financer pendant quelques mois la poursuite du dispositif. Elle a besoin d’environ 60.000 euros par an pour le fonctionnement de la cellule.
3919: le numéro de téléphone pour les victimes de violences conjugales
Le "3919", "Violence Femmes Info", est le numéro national de référence pour les femmes victimes de violences (conjugales, sexuelles, psychologiques, mariages forcés, mutilations sexuelles, harcèlement...). Il est gratuit et anonyme.
Il propose une écoute, informe et oriente vers des dispositifs d'accompagnement et de prise en charge. Ce numéro est géré par la Fédération nationale solidarité femmes (FNSF).