BFMTV
Société

Crise migratoire: "Les capitaux circulent, les hommes non", s'indigne Me Henri Leclerc

Me Henri Leclerc, président d'honneur de la Ligue des Droits de l'Homme.

Me Henri Leclerc, président d'honneur de la Ligue des Droits de l'Homme. - Capture BFMTV

Avocat et président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme, Henri Leclerc en appelle à la "fraternité" des Etats face à la crise migratoire.

"Liberté, égalité, fraternité, ce sont des mots qui chantent. On les entend depuis notre enfance. On oublie la fraternité. Or, la fraternité ce n’est pas seulement une valeur rappelée dans notre Constitution. Elle est au cœur de ce qui a été rédigé par toutes les nations: la Déclaration universelle des droits de l’Homme en 1948." Henri Leclerc, président d'honneur de la Ligue des droits de l'Homme, a appelé l'Europe vendredi matin sur BFMTV et RMC " à se raccrocher à ses valeurs".

"L'Europe est un concert de valeurs", insiste l'ancien avocat, dénonçant la politique menée par le président Orban en Hongrie qui vient notamment de faire voter une loi créant un délit de solidarité.

"Loi de 1938"

"Qu'est-ce que c'est que cette fraternité construite derrière des barbelés", interpelle Henri Leclerc après la décision de l'Italie ou de Malte de refuser l'accueil des migrants ou le renforcement des politiques migratoires alors qu'en France le Sénat examine actuellement la loi asile et immigration. Loi sur le délit de solidarité votée en Hongrie, existant déjà en France... autant d'éléments qui rappellent à l'avocat les heures les plus sombres de l'Histoire.

"La première loi qui interdit de porter assistance à des étrangers est une loi de 1938 (...) Ils venaient d'Europe centrale et ils étaient chassés", lance le président d'honneur de la LDH.

Pour autant, Henri Leclerc se dit séduit par le discours européen d'Emmanuel Macron, qui a dénoncé jeudi la "lèpre qui monte" en Europe, "le nationalisme qui renaît, la frontière fermée que certains proposent". "Je suis encore séduit par le discours de Macron, M. le président Macron, excusez-moi de cette familiarité de langage (...). Je regrette simplement qu'il se soit tu le jour où l’Aquarius ne savait plus où aller et l'honneur de la France a été sauvé par qui? Par la Corse."

"Il ne suffisait pas de traiter le lendemain les Italiens de cyniques, il faut aussi passer aux actes au moment où c'est important", poursuit-il.

Pays d'accueil

Henri Leclerc demande au gouvernement français de laisser la France rester un pays d'accueil. "Notre tradition colonialiste fait que les migrants viennent vers la France (...), estime l'avocat. Les capitaux circulent, les biens circulent, les hommes, non, on les assigne à résidence." Il regrette alors que "dans notre pays, les lois de police tiennent lieu de politique migratoire. Il faut avoir une conception générale de ce sujet.". 

S'inspirant de l'accueil des migrants de Calais dans différents villages français, Henri Leclerc est certain d'une chose:

"L’intégration est plus forte que toutes les résistances. La France est un pays d’accueil, elle a toujours accepté et intégré."

J.C.