BFMTV
Société

Coronavirus: à La Réunion, plusieurs dizaines d'écoles ont dû refermer leurs portes après la rentrée

Une classe de collège à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) le 22 juin 2020. (photo d'illustration)

Une classe de collège à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) le 22 juin 2020. (photo d'illustration) - Thomas Samson

Depuis près de deux semaines, les écoliers réunionnais ont repris le chemin des salles de classe. Un retour observé de près en raison de la situation sanitaire instable.

À quelques jours d'une rentrée scolaire qui s'annonce particulière en raison de la situation sanitaire, le gouvernement multiplie les prises de parole. Lors d'une conférence de presse commune avec Jean Castex et Olivier Véran, le ministre de l'Éducation, Jean-Michel Blanquer, a annoncé jeudi que des "mesures localisées" devraient être mises en place en cas d'éventuelles contaminations dans les écoles. Quelques heures plus tôt, ce dernier avait annoncé que les masques seraient désormais obligatoires pour les adultes dans ces mêmes établissements scolaires.

Si 12,4 millions d'élèves sont attendus mardi prochain dans les salles de classe pour une rentrée voulue comme "normale" par les autorités, certains ont toutefois déjà repris le chemin de l'école. C'est le cas sur l'île de La Réunion, où la rentrée scolaire était prévue le 17 août dernier au lendemain des vacances d'hiver austral. Une rentrée dans 653 établissements qui a été particulièrement surveillée, tant elle ressemblait à une répétition générale de ce qui devrait se passer en France métropolitaine dans les semaines suivantes.

Reports en série

Près de deux semaines plus tard, la situation est contrastée à La Réunion. En réalité, tous les établissements scolaires n'ont pu rouvrir à la date fixée en raison de l'identification de plusieurs foyers sur l'île. A Saint-Denis, 14 des 77 écoles ont ainsi dû garder portes closes et le retour des élèves est désormais fixé au 7 septembre prochain en raison de l'identification de deux clusters. Dans le détail, 2712 des 17.000 élèves scolarisés en maternelle et en élémentaire sont concernés par ce report.

"L’évolution défavorable du nombre de cas positifs au Covid-19 cette semaine confirme une nette accélération de la circulation du virus à La Réunion", s'est inquiété le préfet Jacques Billant, d'autant que le territoire avait été partiellement épargné par la maladie depuis le début de la pandémie.

Selon les premières constatations rapprtées par 20 Minutes, la plupart des foyers épidémiques identifiés à La Réunion depuis début août sont de nature familiale. "Beaucoup de Réunionnais sont partis en vacances en France et dans le monde. À partir du moment où les gens partent en vacances et rentrent, il y a un risque de contamination", souligne l'ARS.

35 établissements fermés

En ce qui concerne les établissements qui ont effectivement repris leurs activités à la date prévue, des premiers bilans peuvent être tirés. Interrogé par FranceInfo, le député La France insoumise de La Réunion, Jean-Hugues Ratenon, alerte sur la multiplication des cas de coronavirus qui ont "augmenté de plus de 30% depuis la rentrée" du 17 août. En raison de cas positifs, 35 établissements ont ainsi du refermer leurs portes de manière temporaire.

"Aujourd'hui, on en est à 35 établissements fermés sur l'ensemble de l'île, en un peu plus d'une semaine depuis la rentrée. [...] On passe de 855 cas à la rentrée, à 1292 cas aujourd'hui, donc 400 cas supplémentaires. Il y avait seulement trois clusters à Saint-Denis, aujourd'hui, on en est à 13 clusters. Et puis, un autre chiffre qui démontre que le virus circule: on était à 70-75% de cas importés de coronavirus sur le département, et aujourd'hui, la courbe s'est totalement inversée puisqu'on est à 70% de cas autochtones", développe l'élu insoumis.

De fait, le député déplore également le manque de coordination dans l'action des autorités. "C'est le rectorat qui décide, en concertation avec l'Agence régionale de santé, mais on trouve quand même que l'Agence régionale de santé est un peu absente dans la gestion notamment des établissements scolaires", analyse encore Jean-Hugues Ratenon.

"Crash test"

Au vu de la situation, La Réunion s'inquiète. Dans les colonnes du Monde, Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale du syndicat FSU, assure que l'île sert "de crash test" et que "ce n'est pas la première fois." Cette dernière dénonce d'ailleurs un "décalage entre entre les discours rassurants des autorités et la réalité" et estime que "toutes les inquiétudes des enseignants n’ont pas été levées."

Dans sa réflexion, elle est rejointe par Stéphane Fouassin, président de l’association des maires de La Réunion, qui de son côté réclame "davantage de concertation, d’harmonisation et de prévention."

En guise de conclusion, qui illustre encore plus l'inquiétude de la population locale, Guillaume, un professeur de Saint-Denis, tire le signal d'alarme auprès de FranceInfo.

"C'est cocasse: pendant le confinement, il n'y avait pratiquement pas de cas à La Réunion. Maintenant, ça explose et nous faisons comme si de rien n'était!"
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV