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"C'est très grave": l'inquiétude des riverains après l'incendie d'une usine de lithium dans l'Aveyron

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L'incident ne présente pas de risque de toxicité pour la population, selon la préfecture, mais les habitants restent inquiets, avec, dans toutes les têtes, le souvenir de la catastrophe de Lubrizol à Rouen.

Après le feu, l'inquiétude prend le dessus dans cette petite commune de l'Aveyron. L'incendie d'un entrepôt contenant 900 tonnes de batteries au lithium, intervenu à Viviez ce samedi 24 février, préoccupe les riverains.

La préfecture a estimé dimanche que l'incident, impressionnant, ne présente pas de risque de toxicité pour la population et a levé le confinement des personnes vivant dans un rayon de 500 mètres. Une décision qui ne rassure pas pour autant Jean-Pierre et Virginie, habitants aux abords de l'usine en proie aux flammes.

L'incendie de Lubrizol dans toutes les têtes

Dans son jardin, ce couple a retrouvé des débris de l'incendie, alors que de la fumée s'échappait toujours du foyer ce dimanche. "C'est quand même impressionnant, on ne s'attend pas à ce genre de chose quand on vient dans l'Aveyron pour prendre l'air", déplore Jean-Pierre au micro de BFMTV.

Ces habitants de Viviez regrettent de ne pas avoir été consultés au moment de l'installation de cette usine: "On nous l'a imposé, moi, je n'en veux pas. Je pense toujours ce qui s'est passé à Rouen", ajoute Virginie, en référence à l'incendie de l'usine Lubrizol en 2019, à l'origine d'une contamination de l'environnement.

L'incendie, rapidement maîtrisé par les pompiers, n'a pas fait de victime et est à présent sans risque de propagation, a affirmé la préfecture dimanche, ajoutant que "le risque en termes de toxicité a été exclu".

Encore "plusieurs jours" d'opération

Pour l'heure, "le foyer est toujours actif", mobilisant une vingtaine de pompiers sur le site, a précisé la préfecture à l'AFP, estimant que l'opération pourrait encore durer "plusieurs jours".

"C'est très difficile de venir à bout de ces feux de batterie. Il a fallu ralentir l'extinction pour éviter que les zones à proximité ne soient contaminées", a ajouté la préfecture.

"Nous allons mettre en place une cellule post accident, pour faire des contrôles pour vérifier qu'il n'y a pas de mesure de précaution à prendre dans les jours à venir" a encore assuré Charles Giusti, préfet de l'Aveyron. "Il n'y a pas d'élément pour déterminer l'origine de l'incendie" à ce stade, selon la même source.

Des spécialistes sur place

L'association pour la défense de l'environnement du bassin et ses alentours (Adeba) juge sur sa page Facebook que "ce qui est arrivé très grave". "Il y a une volonté de favoriser une politique industrielle et c'est pas les petites intoxications comme nous subissons qui les arrêteront, c'est ça qui est dangereux", déplore Jean-Louis Calmettes, militant écologiste et membre d'ADEBA au micro de BFMTV.

La toxicité des fumées et des eaux d'extinction est contrôlée par un véhicule spécial des marins-pompiers de Marseille, a indiqué à l'AFP une source policière. Une équipe spécialisée en risque technologique a aussi été mobilisée, ainsi que Météo-France, pour évaluer l'impact d'une éventuelle pollution atmosphérique.

De son côté, Léon Thébault, porte-parole des Ecologistes (ex-EELV) aveyronnais, "demande à ce qu'il y ait des prélèvements non seulement dans l'air, mais aussi dans les eaux et les sols au niveau de l'usine et autour pour s'assurer qu'il n'y a pas de conséquences sanitaires et environnementales".

Jugeant "insuffisant" le périmètre de confinement réduit à 500 mètres, Léon Thébault "attend les résultats de l'enquête pour connaître les causes de cet incendie", a-t-il précisé à l'AFP.

Loïc Gazar, Edgar Bequet, Sonia Reynaud avec Eloïse Bartoli et AFP