Blocage du 17 novembre: pourquoi les syndicats gardent leurs distances

La CGT, tout comme les autres grandes centrales syndicales, ne souhaite pas s'associer au mouvement des Gilets jaunes - PASCAL GUYOT / AFP
Si plusieurs partis politiques ont appelé leurs sympathisants à s'unir au mouvement, les syndicats n'ont pour leur part pas voulu s'en mêler. Les grandes centrales syndicales ont été unanimes pour marquer leurs distances par rapport à la mobilisation du 17 novembre, impulsée par des citoyens mécontents pour se lever contre la hausse des prix du carburant.
Une récupération politique qui pose problème
Parmi les raisons évoquées pour justifier cette désolidarisation, les syndicats regrettent la récupération politique de l'extrême droite. "La CFDT ne soutient pas ces blocages dont tout le monde a compris qu'ils sont récupérés politiquement par l'extrême droite, et peut-être un peu plus", annonçait lundi sur France info Laurent Berger, le secrétaire général de la centrale.
Même son de cloche du côté de la CGT, qui explique dans un communiqué ne pas vouloir s'unir à un mouvement "entre exaspération et instrumentalisation":
"Plusieurs partis d’extrême droite semblent être à la manœuvre. Ils se font le relais d’une action qui, au final, encouragera à mettre taxes, impôts et peut-être demain cotisations sociales dans une même logique, alors que chaque dispositif joue un rôle différent et déterminant dans le cadre de notre modèle social et républicain", stipule le communiqué.
La question écologique au coeur du débat
Au-delà d'un refus d'être associé à l'extrême droite, les centrales syndicales mettent sur la table leur conviction écologique pour expliquer leur désunion.
Philippe Portier, secrétaire national de la CFDT, considère dans un communiqué que "l’appel au blocage du 17 novembre n’est pas la réponse la plus adaptée". "L’urgence climatique nécessite un changement de comportement dont nous ne pouvons plus faire l’économie (...) mais le passage vers un mode de déplacement plus propre ne doit pas augmenter les inégalités", explique-t-il.
Les centrales tentent de proposer des solutions pour allier leur lutte pour le pouvoir d'achat des citoyens et leur lutte pour l'environnement. La CFDT propose ainsi la création "un crédit d'impôt de conversion écologique ou un chèque énergie à destination par exemple des salariés aux plus faibles revenus". FO de son côté demande la mise en place d'une "prime transport".
"Les militants sont libres"
Malgré une désolidarisation officielle avec le mouvement, aucune centrale syndicale ne s'est fermement opposée à la présence de ses adhérents au blocage du 17 novembre. "Il n'y aura pas de sanction" si certains manifestants brandissent des drapeaux de la CFDT samedi, rassure Laurent Berger au micro de France info. "Les individus et les militants sont libres".
La plupart des syndicats comme la CFDT admettent également "comprendre et soutenir les salariés qui manifestent leur mécontentement face à une nouvelle hausse des prix du carburant". Il n'est donc pas à exclure que de nombreux adhérents puissent participer, à titre individuel, à la mobilisation de samedi.