Air Cocaïne: l’assistant parlementaire de Jean-Marie Le Pen a participé à l’exfiltration

Un cliché pris pendant l'opération d'exfiltration des deux pilotes français hors de la République dominicaine. - BFMTV
Le voile se lève peu à peu sur l’exfiltration rocambolesque vers la France de Pascal Fauret et Bruno Odos il y a neuf jour. Selon les informations de France 2 ce lundi, Pierre Malinowski, l’assistant parlementaire de l'eurodéputé FN Jean-Marie Le Pen, compte parmi ceux qui ont aidé les deux pilotes à fuir la République dominicaine, où ils ont été condamnés à 20 ans de prison en août dernier pour trafic de drogue et où ils étaient sous liberté surveillée avant leur procès en appel.
La chaîne dévoile une photographie (non floutée) présentée comme celle de l’évasion des deux pilotes à bord d’une vedette, où l’on voit les trois hommes en gilet de sauvetage, les deux fugitifs en premier plan et Pierre Malinowski au centre avec deux téléphones satellites. France 2 affirme que Pierre Malinowski était à bord de la première embarcation empruntée par les pilotes pour quitter le pays, de même qu’un marin et le député européen Aymeric Chauprade.
Le Pen "totalement étranger" à l'exfiltration
Contacté par France 2, Pierre Malinowski a confirmé sa présence par "solidarité militaire" et a ajouté n’avoir touché "aucun centime". Selon la chaîne, cet autodidacte s'est engagé dans la légion étrangère à 17 ans.
Dans un communiqué de presse publié lundi, Jean-Marie Le Pen, dont Pierre Malinowski est aussi l’assistant parlementaire, se désolidarise de cette opération d’exfiltration.
"Je n’ai eu connaissance des péripéties de l’affaire dite 'Air Cocaïne' que par les récits des médias; j’y suis totalement étranger. Monsieur Pierre Malinowski est un assistant parlementaire européen que je partage dans le cadre d’un mi-temps avec Monsieur Aymeric Chauprade, dont il est très proche", écrit-il. "Dans ces conditions, il n’y a aucune raison valable pour que mon nom soit associé au développement de ce dossier."
De son côté, Aymeric Chauprade a reconnu dans une interview à Paris-Match jeudi avoir été l'un des initiateurs de l'évasion de deux pilotes français condamnés pour trafic de drogue en République dominicaine, et avoir dirigé l'équipe chargée de "l'exfiltration terre-mer".
"Le jour de leur condamnation, en août dernier, tous ceux qui se sont mobilisés pour eux ont compris qu'ils ne s'en sortiraient pas par un jugement en appel. J'ai évoqué l'idée de les exfiltrer lors d'une discussion avec des personnes du comité de soutien. Ils en ont parlé à Christophe Naudin (criminologue et spécialiste de la sûreté aérienne, Ndlr), lequel est venu me voir. Il m'a dit que l'idée lui était venue à l'esprit à lui aussi. ‘On va réfléchir à la manière de faire’, m'a-t-il dit", a expliqué l’homme politique français à l'hebdomadaire.
D’après lui, "deux équipes distinctes" ont été montées: l'une en République dominicaine pour l'exfiltration terre-Mer et l'autre pour le retour en métropole. "J'étais le chef de l'équipe 1 -dans l'ordre chronologique de réalisation- et Christophe celui de l'équipe 2".
Six jours pour regagner la France
Selon Christophe Naudin, qui a revendiqué mercredi avoir organisé "la partie opérationnelle" de l'évasion, qui a coûté près de 100.000 euros financés par des "donateurs".
Minutieusement préparée, l’opération d’extraction des deux pilotes aura duré six jours au total. Nom de code: "Dîner en ville".
Pascal Fauret et Bruno Odos, qui nient les faits qui leurs sont reprochés et se disent depuis leur retour en France à la disposition de la justice hexagonale, ont été interpellés et écroués ce lundi dans le cadre d’un mandat d’amener émis par la juge marseillaise qui instruit depuis 2013 le volet français de l’affaire dite Air Cocaïne.