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Société

Affaire Quesada: "la force du fantasme et de la pulsion abolit la notion de risque", selon un expert

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Le docteur Paul Bensussan, psychiatre et expert judiciaire, explique comment le Web, associé à la force des pulsions, "abolissent la sensation de risque".

La double vie de Christian Quesada a été dévoilée la semaine dernière. L'ancien champion des 12 coups de midi sur TF1 a été mis en examen pour diffusion et détention d'images à caractère pédopornographique mercredi. Comment cet as des jeux télévisés a-t-il cumulé sa notoriété avec cette face cachée? Pour Paul Bensussan, psychiatre et expert judiciaire, cela tient au fait qu'on "ne peut pas modifier l'orientation érotique de quelqu'un":

"Le pédophile, aujourd'hui, est condamné à l'abstinence. C'est la seule voie. Mais peut-être pas à l'abstinence des fantasmes, et c'est tout le piège d'Internet. Celui qui n'approche pas physiquement des enfants peut avoir l'illusion derrière son écran de ne commettre aucun délit. Il sait qu'il est auteur d'infractions mais ne se voit pas comme un agresseur."

Déjà inquiété pour des faits similaires

À la suite de sa mise en examen, d'autres révélations ont été faites sur le passé de Christian Quesada. Celui qui a amassé plus de 800.000 euros de gains en 193 participations au jeu de TF1 avait déjà été inquiété pour des faits de détention d'images à caractère pédopornographique et de corruption de mineurs au début des années 2000. Les risques qu'il prenait sont allés crescendo avec sa notoriété. Si Paul Bensussan explique que "Quand vous êtes connu, normalement vous ne vous exposez pas trop", il ajoute qu'Internet confère "l'abolition de la sensation de risque.

"À un moment donné les barrières tombent, notamment quand vous êtes derrière un écran. (...) La force du fantasme de la pulsion abolit la notion de risque et fait faire à l'individu à peu près n'importe quoi."

Il évoque l'exemple de "ces auteurs multi-récidivistes", "traumatisés par la mise en examen, éventuellement une garde à vue, une détention provisoire et une sanction", qui malgré tout "recommencent". 

"C'est typique de ce genre de double vie"

Paul Bensussan estime, par ailleurs, que la situation de Christian Quesada n'est pas exceptionnelle:

"Les sujets pervers au sens psychologique du terme (...) ont une façade absolument clean et insoupçonnable derrière laquelle, grâce au clivage, coexiste une autre façade, beaucoup moins avouable. Vous avez tous en tête ces reportages où on entend les gens dire 'Mais je ne comprends pas, il était très gentil' (...) C'est absolument typique de ce genre de double-vie."
Benjamin Pierret