Affaire du petit Grégory: la veuve Laroche ne "pardonnera jamais"

Marie-Ange Laroche, la veuve de Bernard Laroche, est l'une des victimes collatérales de l'affaire du petit Grégory. - BFMTV
"Je ne pardonnerai jamais". Tels sont les mots de Marie-Ange Laroche. Cette femme aujourd'hui quinquagénaire ne s'est jamais relevée après le meurtre de son époux, Bernard.
Retour en arrière, le 29 mars 1985, quelques mois après l'assassinat du petit Grégory, retrouvé pieds et poings liés dans la Vologne. Ce vendredi-là, Jean-Marie Villemin, le père du petit garçon assassiné, tue d'une balle de fusil son cousin germain, Bernard Laroche, un temps soupçonné du meurtre du petit Grégory.
Alors que la fatidique date anniversaire des trente ans de la disparition de l'enfant approche, Dominique Rizet, spécialiste police-justice pour BFMTV, est allé à la rencontre de Marie-Ange Laroche, la veuve de Bernard.
Le jour de la mort de Bernard
Le souvenir de cette journée du 29 mars 1985 reste gravé dans la mémoire de Marie-Ange Laroche. "J'avais été chercher Bernard au travail. J'avais appris que j'étais enceinte de mon deuxième gamin. Il était content. Il me disait 'J'espère que ce sera une fille!'".
Les faits
Le couple arrive devant la maison. Bernard Laroche sort de la voiture et se dirige vers le garage, quand Jean-Marie Villemin surgit, armé d'un fusil. Marie-Ange se souvient de leur échange. "Bernard lui a dit: 'J'te jure, j'te comprends Jean-Marie, mais ce n'est pas moi qui a tué ton gosse.' Villemin lui a répondu: 'C'est de ta faute s'ils sont tous sur Christine' (sa femme, un temps soupçonnée du meurtre de son fils Grégory, ndlr)."
Leur fils, Sébastien, 4 ans, arrive à ce moment précis avec son oncle. Jean-Marie Villemin tire, une fois. Bernard Laroche s'écroule. "Sébastien s'est jeté sur son père, il s'est mis sur lui. Il était plein de sang, il hurlait", se rappelle sa mère. "Aujourd'hui, il va mieux, mais il a eu des mauvaises périodes. Il a grandi avec l'image de son père mort sous ses yeux. Il n'a pas eu de jeunesse."
Son regard sur Jean-Marie Villemin
"De la colère, j'en ai contre Jean-Marie Villemin, forcément. Il n'avait pas le droit de tuer quelqu'un comme ça", lâche Marie-Ange Laroche. Le père de famille a été condamné à cinq ans de prison, dont un an avec sursis. "Pour avoir tué quelqu'un, ce n'est pas cher payé. C'était un acte prémédité en plus", estime la mère de famille. "Je ne lui pardonnerai jamais."
- En 2006, dans la presse, Jean-Marie Villemin a reconnu que son geste était "inexcusable."
Son intime conviction sur la mort du petit Grégory
Presque trente ans jour pour jour après le drame, le meurtre du petit Grégory n'a jamais été élucidé. "Comme tout le monde, j'ai une idée, une intime conviction sur qui l'a tué. Mais je ne le dirai pas." Marie-Ange Laroche voudrait qu'enfin, le meurtrier soit formellement identifié. "De toute façon, je n'ai jamais cru à la culpabilité de mon mari, et je n'y croirai jamais. Je sais que ce n'est pas lui."
Sa vie depuis le drame
Le regard bleu chargé de lassitude, la veuve admet que sa "vie n'a pas été facile" depuis le premier drame, la mort de Grégory en octobre 1984. "On ne se reconstruit jamais dans une affaire comme celle-ci. Je me suis occupée de mes enfants, et par chance j'ai trouvé un travail il n'y pas très longtemps, en cuisine. Pouvoir ressortir, reparler avec des gens, ça fait du bien." Elle n'a jamais déménagé de la région, dans les Vosges. "J'ai toute ma famille là-bas, je n'ai rien à me reprocher. Et puis cette affaire a fait le tour de la France. Partir des Vosges n'aurait rien changé, je crois."