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10°C à l'intérieur: 1000 foyers toujours privés de gaz en raison d'une grève chez GRDF

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80% des clients privés de gaz se situent en Île-de-France. Le préavis de grève au sein de GRDF court jusqu'au 3 février.

Aimée n'en peut plus. Cette retraitée parisienne vit depuis un mois privée de gaz, et donc de chauffage, dans son appartement. Avec les températures glaciales qui se sont abattues ces derniers jours sur la France, le thermomètre installé dans sa chambre n'affiche que 10 degrés.

"Ça atteint le moral, finalement. Quand on rentre dans une maison qui est froide, qui n'est pas accueillante... Là, on est démunis de tout en étant chez soi", explique-t-elle.

1000 foyers privés de gaz

Si Aimée, comme la totalité de ses voisins, se retrouve privée de chauffage en plein hiver, c'est parce que son immeuble a récemment changé sa chaudière au fioul pour une chaudière au gaz. Mais en raison d'une grève chez GRDF, principal distributeur de gaz en France, le raccordement n'a jamais eu lieu.

Le mouvement social dans l'entreprise a débuté fin novembre, à l'initiative de la CGT, qui a refusé l'accord sur les salaires signé le 18 novembre par la CFDT, CFE-Energie et FO. Bien que seulement une trentaine de sites soient touchés sur l'ensemble du territoire français, 1000 foyers restent privés de gaz, dont 80% en Île-de-France.

Face au froid, Aimée a recours au système D. "Un premier pull-over, un deuxième pull-over en cachemire, un troisième pull-over en cachemire et un t-shirt", indique-t-elle en énumérant les différentes couches qu'elle porte sur elle quand elle se trouve dans son domicile.

Elle s'est également procuré quatre petits chauffages d'appoint électriques, mais elle les utilise avec parcimonie en raison de l'explosion du prix de l'électricité.

"Ils ne peuvent pas nous donner de réponses"

Jean-Yves, président du conseil syndical de l'immeuble où réside Aimée, n'a toujours pas de date pour une intervention prochaine des équipes de GRDF, malgré ses nombreuses relances.

"La réponse, c'est 'bah rien'", se désole-t-il. "Ils ne peuvent pas nous donner de réponses, nous dire quand nous serons raccordés, et ça pose de gros problèmes. Car les fêtes de Noël vont arriver, et on a aussi ce spectre des coupures d'électricité."

"Les gens vont se retrouver sans gaz ni électricité, ils n'auront ni eau chaude, ni chauffage, rien", déplore Jean-Yves.

Les syndicats fustigent la direction

Invité sur le plateau de BFMTV le 8 décembre dernier, Fabrice Coudour, secrétaire fédéral de la CGT-FNME (Fédération Nationale des Mines et de l'Énergie) a indiqué déplorer et comprendre "humainement les impacts contre les usagers" de ces coupures.

"Mais on les invite à venir nous voir sur les piquets de grève et je vous assure qu'on trouvera des solutions pour ces usagers qui n'ont pas le courant", a-il assuré, mentionnant au passage des opérations "gaz gratuit" menées par les grévistes, qui consistent à fermer les compteurs situés à l'extérieur des immeubles.

Avant de fustiger l'attitude de la direction: "Il n'y a pas de propositions qui répondent aux revendications des salariés sur une simple augmentation des salaires de 2,3%".

Les 8 et 9 décembre dernier, GRDF a dénoncé deux actes "de malveillance" dans les Pyrénées-Atlantiques et à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), imputés aux grévistes. Pour l'incident de Neuilly-sur-Seine, l'entreprise a apporté ses "excuses à la ville et ses habitants, pénalisés par le mouvement social en cours. Des agissements que GRDF condamne".

Les habitants de l'immeuble d'Aimée, eux, attendent toujours, et angoissent de passer l'hiver sans chauffage. Le préavis de grève déposé par la CGT chez GRDF court jusqu'au 3 février.

Yaelle Kahn et Camille Fournier, avec Jules Fresard