A Bonn, les négociations sur le climat restent difficiles

A Bonn, la première réunion de l'Onu sur le climat depuis l'échec du sommet de Copenhague a exposé de nouvelles divisions entre les délégués sur les moyens de relancer un processus enlisé. /Photo d'archives/REUTERS/Petr Josek - -
par Alister Doyle et Gerard Wynn
BONN, Allemagne (Reuters) - Etats-Unis et Chine, les deux plus gros émetteurs mondiaux de gaz à effet de serre, se sont opposés vendredi sur la manière de relancer les discussions sur le climat en 2010 après l'échec du sommet de Copenhague, en décembre dernier.
Bon nombre de participants à la réunion rassemblant 175 pays, du 9 au 11 avril à Bonn, ont insisté sur la nécessité de rétablir la confiance entre les riches et les pauvres, mais rares sont ceux qui espéraient que la conclusion d'un accord sur la lutte contre le réchauffement climatique puisse se faire à la prochaine grande réunion, fin 2010 à Cancun, au Mexique.
Washington a déclaré qu'il souhaitait qu'en 2010, les discussions soient fondées sur l'Accord non contraignant de Copenhague sur la limitation du réchauffement climatique conclu par quelque 120 pays.
Mais Pékin a estimé que les négociations devaient être fondées sur d'autres documents de l'Onu et a dit que le Premier ministre Wen Jibao avait été contrarié à Copenhague par la manière dont les réunions se faisaient par petits groupes.
L'Accord fixe un objectif de limitation du réchauffement climatique à moins de 2 degrés Celsius, mais il ne précise pas comment. Il envisage aussi une aide de 100 milliards de dollars par an aux pays en développement.
Le négociateur chinois, Su We, a insisté dans son discours sur le fait qu'en 2010, le travail devait être fondé sur des textes de l'Onu élaborés depuis la réunion de Bali, en Indonésie, en 2007. Mais ces textes ne font pas l'unanimité.
Cancun a un objectif très clair: s'assurer que le travail fixé par la feuille de route de Bali est effectué, a-t-il dit.
Le processus de conclusion de l'Accord a manqué d'ouverture et de transparence, a affirmé Su, relevant que Wen avait été contrarié le 17 décembre de n'avoir pas été informé d'une réunion.
RÉUNIONS INFORMELLES
La Chine fait néanmoins partie des 120 signataires de l'Accord de Copenhague, auquel s'opposent de nombreux pays en développement.
Su We et plusieurs pays, dont l'Arabie saoudite, la Bolivie, le Venezuela et Cuba, ont mis en garde contre le risque de répéter l'erreur commise avant le sommet de Copenhague, à savoir élaborer un texte en petit comité en ignorant la majeure partie des 194 pays qui participeront au grand rassemblement.
Le Mexique a organisé des réunions informelles avec un groupe d'une quarantaine de pays, dont beaucoup pensent que les négociations de l'Onu sont trop pesantes à 194 membres.
La semaine prochaine, les Etats-Unis tiendront une séance de travail avec 17 pays représentant plus de 80% des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Devant le centre de conférence où se tenait la réunion, des militants écologistes ont déversé quatre tonnes d'éclats de verre auprès de pancartes sur lesquelles on pouvait lire "Copenhague" et "Ramassez les morceaux".
La réunion de Bonn doit déterminer combien de réunions supplémentaires seront organisées avant le sommet annuel des ministres de l'environnement à Cancun, au Mexique, du 29 novembre au 10 décembre.
La plupart demandent deux ou trois réunions, soit moins qu'en 2009. Ils étaient peu à évoquer l'objectif de conclure un traité contraignant au Mexique, le plus grand nombre fixant pour horizon la réunion de 2011, en Afrique du Sud.
"Je ne pense pas que quiconque s'attende à un accord exhaustif et contraignant (en 2010), les désaccords sont encore trop profonds", a estimé Alden Meyer, membre d'un groupe qui s'appelle l'Union des scientifiques inquiets.
Des délégués ont estimé qu'en 2010, des progrès pourraient être enregistrés sur la réunion de fonds, la protection des forêts qui stockent le CO2 et l'aide à apporter aux pays pauvres pour qu'ils s'adaptent aux changements climatiques tels que la désertification, les inondations et la montée du niveau des mers.
Grégory Schwartz et Nicole Dupont pour le service français