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VRAI/FAUX – Ce que vous devez savoir sur les cabines de bronzage

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- - Evil Erin / Flickr CC

S’exposer ne serait-ce qu'une fois à des UV artificiels au cours de sa vie augmente déjà de 16% le risque de développer un mélanome, et de 34% à partir de dix séances. L’Anses rappelle ce mercredi le danger des bancs de bronzage et alerte sur les fausses promesses des centres.

En France, les appareils de bronzage seraient responsables de près de 400 cas de mélanomes par an. S’allonger 10 fois au cours de sa vie dans ce type de cabine augmenterait le risque de développer un cancer de la peau de 34%. Dans un avis réunissant des dizaines de travaux sur le danger des UV artificiels depuis 1997, l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) recommande la fermeture totale des cabines de bronzage.

Les lampes à bronzer, comment ça marche?

Si les UV artificiels accélèrent le bronzage, c’est parce qu’ils sont beaucoup plus intenses que les UV émis par le soleil. Un décret de décembre 2013 fixe l’intensité maximale des lampes à un indice UV de 12, qui correspond au rayonnement du soleil dans la savane africaine. Par comparaison, les indices UV relevés sur la côte d’Azur en plein été varient entre 8 et 9.

Pour vous faire bronzer plus vite, les centres de bronzage concentrent leurs lampes en UVA. Une étude citée par l’Anses estime que 20 à 30 % de la dose érythémateuse de la lumière solaire naturelle est due aux UVA. Or, cette proportion peut monter jusqu’à 80% dans une cabine de bronzage. Les UVB ne représentent qu’1,5% du spectre UV des lampes utilisées en institut, contre 5% pour le soleil.

cabine UV
cabine UV © -

Dans un avis mis en ligne ce mercredi, l’Anses démonte scientifiquement plusieurs arguments marketing avancés par les centres de bronzage. Attention aux fausses promesses.

Les UVA sont inoffensifs, contrairement aux UVB

Les UVA ont longtemps été considérés comme inoffensifs, car contrairement aux UVB, ils ne provoquent pas de coups de soleil. Or, les recherches montrent que les UVA induisent des dommages à l’ADN similaires à ceux induits par les UVB. Les UVA pénètrent plus loin dans l’épiderme et oxydent les protéines impliquées dans la réparation de l’ADN, diminuant la capacité de régénération des cellules.

La peau vieillit moins vite en cabine qu'au soleil

Les UVA composent la plus grande partie de la lumière émise dans les bancs de bronzage. Or, la mélanine s’oxyde au contact des UVA. Cette oxydation dégrade les protéines de la matrice extracellulaire du derme et le tissu cutané finit par perdre ses propriétés. Le vieillissement cutané est quatre fois plus rapide après l’exposition aux cabines solaires qu’à la lumière naturelle, selon un rapport de recherche utilisé par l’Anses.

Les UV artificiels préparent la peau au soleil

Le bronzage résulte de la synthèse de mélanine par les mélanocytes, réaction provoquée par les UVB. La coloration de la peau induite par les UVA, plus rapide, n’est pas vraiment du "bronzage". Elle est issue de l’oxydation de la mélanine et non d’une production nouvelle, comme lors d’un bronzage naturel. Par conséquent, elle n’apporte aucune protection contre les UV.

Ça permet de faire le plein de vitamine D

C'est vrai, mais moins efficacement qu’en s’exposant à la lumière naturelle. La production de vitamine D est un phénomène presque exclusivement dû aux UVB. Cette partie du spectre UV est limitée à 1,5 % de l’éclairement énergétique UV total dans les centres de bronzage, contre 5% au soleil. Une exposition raisonnable et courte au soleil suffit normalement à satisfaire ses besoins en vitamine D.

De façon occasionnelle, il n'y a pas de risque

Utiliser une seule fois un banc de bronzage augmente déjà de 16% les risques de développer un mélanome, selon plusieurs statistiques épidémiologiques. Il faut ensuite compter 1,8% de risque supplémentaire pour chaque session. Dix séances suffisent donc à accroître le risque de cancer de 34%.

Emeline Gaube