BFM Business
Conso

Déjà moribondes, les cabines de bronzage vont-elles définitivement disparaître?

-

- - Thomas Coex - AFP

Alors que l'Anses préconise l'interdiction des cabines de bronzages, leur nombre n'a cessé de chuter depuis 10 ans et les faillites de se multiplier.

Les jours des cabines de bronzage sont-ils comptés? Dans un avis rendu mercredi, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) a demandé "aux pouvoirs publics de prendre toute mesure de nature à faire cesser l'exposition de la population aux UV artificiels" devant le risque de cancer "avéré".

"On recommande l'arrêt de l'activité liée au bronzage artificiel, et aussi l'arrêt de la vente d'appareils délivrant des UV à visée esthétique notamment aux particuliers", a expliqué à l'AFP Olivier Merckel, chef de l'unité d'évaluation des risques aux agents physiques à l'Anses, qui a suivi l'expertise.

"Les personnes ayant eu recours au moins une fois aux cabines de bronzage avant l'âge de 35 ans augmentent de 59% le risque de développer un mélanome cutané. En France, il a été estimé que 43% des mélanomes chez les jeunes pouvaient être attribués à une utilisation de ces cabines avant l'âge de 30 ans", a souligné l'agence.

Une "recommandation inepte" selon le Syndicat national des professionnels du bronzage en cabine (SNPBC) qui assure que "le bronzage raisonné n'est pas dangereux et participe au bien-être des Français." Elle cite à l'appui une étude publiée dans la sérieuse revue internationale International Journal of
Cancer Research and Treatment qui conclut qu'"à l'heure actuelle, il n'y a aucune preuve convaincante que l'utilisation modérée dans les solarium augmente le risque de mélanome." 

Point Soleil placé en redressement en avril

Si le ministère de la Santé n'a pas encore pris de décision concernant le maintien ou l'interdiction des centres UV (comme l'ont déjà fait l'Australie et le Brésil), le marché a semble-t-il commencé à s'en charger. 

Le nombre de centres de bronzages a chuté de 30% en France depuis 2010 selon le Syndicat. Leur nombre est passé de 500 à 350 en à peine huit ans. Mais les centres spécialisés ne sont pas les seuls. Il y a aussi 4500 instituts de beauté généralistes qui mettent à disposition de leur clientèle des cabines UV. Selon le syndicat, ce serait 10.500 emplois directs et indirects qui seraient menacés en cas d'interdiction.

Mais même sans l'interdiction légale, les professionnels du secteur ne sont guère optimistes. A l'image du leader Point Soleil passé en quelques années de 140 boutiques à 55 franchisés. Très endettée, la société mère Alizés Diffusion placée en redressement judiciaire en avril dernier cherche un repreneur.

Les clients se sont mis à bouder ce type d'enseignes à l'orée des années 2010. D'abord parce que l'effet de mode du bronzage est passée. "Les gens viennent moins souvent, ils préfèrent être hâlés plutôt que très bronzés", explique Marc Boutet du SNPBC.

Mais c'est surtout l'impact des études cliniques sur les rayons UV qui a détourné les gens des cabines. En 2009, l'OMS via le Centre international de recherche sur le cancer assure que les cobayes exposés à ses rayons ont développé plus de mélanomes, et plus vite. Une étude largement médiatisée qui conduit les médecins à préconiser l'interdiction des UV artificiels. Résultat: en quelques année, le marché s'est effondré de près de 40% et les instituts ferment les uns après les autres.

Jusqu'à présent c'est l'argument économique et la sauvegarde de l'emploi qui avait retenu le ministère de la Santé d'interdire les cabines UV. Un argument qui tient de moins en moins à mesure que le marché se rétracte.

Frédéric Bianchi avec AFP