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Santé

VIH: une patiente séropositive potentiellement guérie après une greffe, une première en France

Une femme recevant un test rapide du VIH le 23 septembre 2013 à Paris.

Une femme recevant un test rapide du VIH le 23 septembre 2013 à Paris. - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Une patiente de l'hôpital Sainte-Marguerite à Marseille (Bouches-du-Rhône) est le premier cas de guérision fonctionnelle du VIH après allogreffe de moelle osseuse en France et le huitième dans le monde.

C'est une première en France: à Marseille, une femme séropositive est aujourd'hui potentiellement guérie du VIH. La patiente, âgée d'une soixantaine d'années et suivie à l'Hôpital Sainte-Marguerite, avait été diagnostiquée séropositive en 1999. Traitée pour cette infection au VIH par antirétroviraux - comme c'est le cas pour toutes les infections de ce type, sa charge virale était devenue "indétectable", soit contrôlée par le traitement, à partir de 2010.

Le docteur Sylvie Bregigeon, qui dirige le Centre d'information et de soins de l'immunodéficience humaine et des hépatites virales (CISIH) de l'Hôpital Sainte-Marguerite rappelle sur le site de l'établissement "qu'une charge virale indétectable n'est pas pour autant synonyme de guérison".

"En effet, il subsiste toujours des traces ou fragments de virus latents susceptibles de se réactiver, de se répliquer de nouveau et de repasser dans la circulation générale. C’est la raison pour laquelle le VIH est une infection chronique persistante nécessitant normalement un traitement à vie", ajoute-t-elle.

La patiente greffée pour une leucémie

Dix ans plus tard, en 2020, les médecins lui diagnostiquent une leucémie myéloïde aigue, un cancer du sang. Au mois de juin cette même année, la patiente bénéficie d'une allogreffe de moelle osseuse à l'Institut Paoli-Calmettes, à Marseille. Une allogreffe est une greffe de cellules-souches de moelle osseuse provenant d'un donneur compatible avec le patient atteint d'une maladie maligne.

Les médecins ont réussi à trouver un donneur compatible avec la patiente, mais présentant également "une particularité recherchée" dans le cas d'une séropositivité. Cette particularité est génétique: une mutation "appelée Delta32 au niveau du gène CCR5", qui protège naturellement contre une infection au VIH.

L'équipe du CISIH de l'Hôpital Sainte-Marguerite de Marseille
L'équipe du CISIH de l'Hôpital Sainte-Marguerite de Marseille © AP-HM

"De fait, les rares personnes dans le monde ayant cette mutation génétique sur les deux allèles du gène CCR5 ne peuvent pas être contaminées par le VIH", souligne d'ailleurs le docteur Sylvie Bregigeon.

Le succès d'une greffe similaire avait été observé dans 6 des 7 cas de guérison fonctionnelle du VIH rapportés dans le monde. Forts de cet espoir, les médecins se félicitent aujourd'hui du même résultat chez la patiente de Marseille.

"Notre patiente est bien évidemment ravie"

Après sa greffe, celle-ci a continué à prendre son habituel traitement antirétroviral contre le VIH pendant trois ans, en étant suivie de très près par les équipes médicales. Depuis, tous les tests sur la présence du virus se sont avérés négatifs. "La patiente a arrêté son traitement en octobre 2023", ajoute le docteur Sylvie Bregigeon.

"Jusqu’à ce jour, tous les résultats sont restés négatifs! Notre patiente est bien évidemment ravie", se réjouit-elle.
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Et de conclure: "Un recul plus important est cependant nécessaire pour consolider ces résultats, mais nous pouvons d'ores et déjà parler de rémission de l’infection VIH et d’un potentiel cas de guérison, le premier en France et le huitième dans le monde."

Si elle n'est pour l'heure pas généralisable à l'ensemble des patients atteints du VIH en raison de la lourdeur des traitements associés à l'allogreffe, cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour la recherche sur le virus. Et pour ses malades.

Margaux de Frouville avec Lucie Valais