Variant Delta: est-ce utile de rétablir le masque en extérieur?

De nombreuses communes et de nombreux départements réimposent l'obligation de porter un masque à l'extérieur. Quelques semaines après la levée de cette mesure, des soignants vantent son utilité face à un variant Delta bien plus virulent.

La Rochelle, Royan, Toulouse, Perpignan... Dans de nombreuses communes françaises, des Pyrénées-Orientales au Pas-de-Calais, en passant par la Charente-Maritime, le port du masque est de nouveau obligatoire à l'extérieur, pour toutes les personnes de 11 ans et plus.

Quelques semaines seulement après la levée de l'obligation de ce geste barrière dehors, effective le 17 juin, de nombreux préfets prennent donc la décision de le réimposer face à la progression très inquiétante du variant Delta en France.

"Le but que nous poursuivons, c'est de freiner, par tous les moyens, la circulation du virus. Le variant Delta est extrêmement contagieux. Aujourd'hui en Charente-Maritime, il représente plus de 85% des contaminations. Tout doit être fait pour conduire nos concitoyens à se montrer responsables et à appliquer scrupuleusement les gestes barrières. Le port du masque en fait partie", a expliqué sur notre antenne Nicolas Basselier, le préfet de Charente-Maritime.

Lundi, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement, a affirmé que le pays était entré "dans une quatrième vague du virus". Il a dit craindre qu'elle monte "très vite" et soit "très haute".

"Il faut que l'on fasse tout pour freiner le virus"

Si les soignants et les scientifiques ont, jusque-là, assuré que les contaminations à l'extérieur étaient moins importantes qu'à l'intérieur, comme l'ont également attesté de nombreuses études, la contagiosité accrue du variant Delta remet en cause certaines certitudes.

Pour le Dr Jérôme Marty, cette mutation du Covid-19 est, en effet, "plus contaminante" et "peut même nous contaminer en quelques secondes, quand un super-contamineur est proche", a-t-il souligné ce mardi sur le plateau de BFMTV.

"On a des exemples de concerts à l'extérieur où on a eu une centaine de personnes contaminées. Ou des exemples de colonies de vacances où la totalité des enfants a été contaminée, ce qui montre la facilité avec laquelle ce virus contamine", a expliqué le médecin généraliste, président de l'Union Française pour une Médecine Libre.

Selon le Dr Marty, les décisions des préfets sont "compréhensibles quand on voit l'accélération des choses". "Quand on voit ce que vont vivre tous les gens qui ont des commerces et des restaurants et la peur qu'ils doivent avoir... Ils ont vécu de grosses difficultés économiques et ils prennent de plein fouet cette augmentation. Ne serait-ce que pour eux, il faut que l'on fasse tout pour freiner ça", a-t-il martelé.

Des craintes passées

Déjà, au moment de l'annonce de la fin du masque à l'extérieur, plusieurs soignants avaient eu des réactions mitigées, comme le professeur Jean-Louis Teboul, chef de service de médecine intensive et de réanimation à l'hôpital Bicêtre à Paris, qui s'était dit "un peu surpris" des annonces gouvernementales.

Le Pr Yves Coppieters disait même craindre le "risque de variant plus contagieux" et avoir peur que "le variant Delta pénètre de plus en plus en Europe".

L'épidémiologiste invitait alors chacun à avoir systématiquement un masque sur soi, dans son sac ou dans sa poche, au cas où on "se retrouverait dans une situation plus à risque".

"Un certain effet de protection"

Certains professionnels de santé ne sont cependant pas aussi catégoriques concernant le retour du masque à l'extérieur. Le Pr Bertrand Guidet, invité ce mardi de BFMTV, a ainsi estimé que son obligation paraissait "vraiment excessive" à l'extérieur pour les personnes vaccinées.

"Le fait que les gens soient vaccinés, ça change complètement la donne. Soit les gens sont vaccinés, soit ils auront un test négatif, soit ils auront eu un Covid récent. Le masque c'est en plus, alors qu'avant l'ère de la vaccination, c'était le masque et les mesures de distanciation", a-t-il précisé.

Il faut préciser que les nombreuses études parues sur les risques plus grands de contaminations à l'intérieur, par rapport à l'extérieur, ont été réalisées avant l'arrivée du variant Delta dans de nombreux pays du monde.

Pour Jean-Michel Claverie, virologue à Marseille, si l'utilité du masque à l'extérieur "n'a jamais été vraiment démontrée", la plus grande contagiosité du variant Delta change bien la donne. "On produit plus de virus avec cette mutation, on peut donc imaginer qu'avoir un masque a un certain effet de protection", conclut-il sur notre antenne.

Clément Boutin Journaliste BFMTV