"Un mystère pour la science": après une opération, Laetitia s'est réveillée en parlant avec un accent anglais

Une infirmière marche dans un couloir de l'hôpital de Strasbourg, dans l'est de la France, le 1er février 2025. - ELSA RANCEL
Imaginez-vous, après une opération chirurgicale, vous réveillez avec un accent étranger. Ça paraît impensable, mais c'est pourtant la drôle de mésaventure qui est arrivée à Laetitia. Dans une vidéo publiée par Le Petit Courrier, cette mère de famille de 47 ans habitant près de Montval-sur-Loir, dans la Sarthe, raconte s'être réveillée de son opération des amygdales, en juin 2014, en parlant avec un fort accent anglais.
"Quand je me suis réveillée, j’avais cet accent. J’ai vu le chirurgien sur place après l’opération. Il n’a pas mentionné de problème spécifique, donc je ne me suis pas inquiétée", a raconté Laetitia au journal local.
Malgré des rendez-vous post-opératoires, force est de constater que, 11 ans plus tard, cette façon de parler ne l'a jamais quittée. "À l’auscultation, tout est normal. Je ne sais pas quoi vous dire, vous êtes un mystère pour la science", lui avait répondu un médecin trois mois après son opération, avant de prendre sa retraite. "Le vrai choc a été pour ma famille qui vit dans une autre région. Quand je les ai eus au téléphone, ils pensaient que c’était un gag".
Le "syndrome de l’accent étranger"
Si l'histoire de Laeticia prête à sourire, son affection, elle, est bien sérieuse. La Sarthoise souffre du "syndrome de l’accent étranger", un trouble rare qui se produit généralement à la suite d'un choc à la tête ou d'une blessure au cerveau.
Dans le cas de Laeticia, il semblerait qu'il se soit passé quelque chose durant le temps où elle était sous anesthésie générale. Généralement, les patients se réveillent sans problème particulier, mais il se pourrait qu'une zone du cerveau ait été un peu moins bien vascularisée.
"Je suis allée voir des orthophonistes, des ORL. Ils m’ont répondu qu’ils ne pouvaient rien pour moi", explique Laetitia. Aujourd'hui, la Sarthoise dit ne plus y prêter attention.
"C’est quelque chose qui fait partie de moi", assure-t-elle, même si elle dit entendre toujours "sa voix d'avant" dans sa tête.
Au quotidien, certains mots sont devenus difficiles à prononcer. "Par exemple, je suis incapable de dire 'tourterelle'. Avec les T et le R, ce n’est pas facile à dire. Alors je dis 'colombe' (...). Ma chienne s’appelle Vadrouille et a du mal à m’obéir (...) Elle ne doit pas me comprendre", confie Laetitia avec un léger rire.
Malgré son accent, Laetitia ne parle pas mieux l'anglais qu'avant. "J’ai des bases, ce qu’on apprend à l’école. Mais sans plus", explique-t-elle. "Souvent, quand je suis en caisse, je dis que je suis Française et que j’ai un accent anglais. Si les gens ne sont pas curieux, ça en reste là. Autrement, je leur explique patiemment".
Laetitia fait partie des rares personnes touchées par ce syndrome dans le monde, on en compte une cinquantaine. L'un des premiers cas connus remonte aux années 1940. Une Norvégienne s’était mise à parler avec un accent allemand après avoir été touchée par un éclat d’obus. Autre cas, en 2011, une Américaine, à la suite d'une opération, s'était réveillée avec l'accent de l'Europe de l'Est.