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"Un Français contaminé en juillet", "un mort trois mois plus tard": le Pr Fontanet alerte sur l'impact des chaînes de transmission

L'épidémiologiste Arnaud Fontanet le 28 mars 2020.

L'épidémiologiste Arnaud Fontanet le 28 mars 2020. - Geoffroy Van der Hasselt / Pool

L'épidémiologiste, membre du Conseil scientifique, est revenu sur l'importance du taux de reproduction du Covid-19 et la nécessité de casser les chaînes de contamination en dressant un constat: une personne infectée l'été dernier entraînait la mort d'une autre quelques mois plus tard.

Un relâchement qui est loin d'avoir stoppé le virus. Invité mercredi soir sur le plateau de C à vous sur France 5, l'épidémiologiste Arnaud Fontanet est revenu sur l'impact des chaînes de transmission, notamment au cours de l'été 2020, lorsque le Covid-19 ne semblait plus qu'être un lointain souvenir.

"En août dernier, quand on avait un taux de reproduction à 1,3 [...] la progression de l'épidémie était telle que quelqu'un qui avait une infection en juillet, dans la suite des chaînes de contamination qui partait de son infection, dans les trois mois, il y a une personne qui mourait", a expliqué le membre du Conseil scientifique.

"On est une chaîne de transmission quand on s'infecte"

Selon Santé Publique France, le taux de reproduction du virus avoisinait même les 1,5 à la mi-août, signe que l'épidémie avait entamé sa reprise alors que le gouvernement n'avait pas encore annoncé de tour de vis.

"C'est plus la même situation aujourd'hui, un taux de reproduction de 1,3 on ne le supporterait pas, on peut supporter un R de 1,1 maximum", estime le Pr Fontanet qui considère toutefois qu'il faut le baisser davantage à Paris où la pression hospitalière est des plus préocuppantes.

Si le taux de reproduction s'élève aujourd'hui à 1,18 selon Covid Tracker, plusieurs mesures sanitaires ont d'ores et déjà été instaurées dans plusieurs régions du pays, ce qui n'était pas le cas en juillet et août dernier lorsque la population française sortait de près de deux mois de confinement strict et alors que le virus circulait à nouveau activement.

"Quand j'ai compris ça, je me suis dit: 'ok je me protège moi mais j'ai aussi cette responsabilité de ne pas être au départ d'une chaîne de transmission si je peux l'éviter', parce qu'on ne peut pas toujours l'éviter", a ajouté l'épidémiologiste de l'Institut Pasteur. "On est quand même une chaîne de transmission quand on s'infecte et il faut y penser".

L'impact des vaccins sur les hospitalisations "à partir de mi-mai"

Arnaud Fontanet note cependant qu'il est désormais peu probable que le taux de reproduction du virus atteigne à nouveau le seuil de 1,3: "Vu le niveau de saturation des hôpitaux, cela exploserait avant". Autre facteur venant également conforter l'hypothèse de l'épidémiologiste: les vaccins qui "vont changer la donne".

"À partir de la mi-mai, (les vaccins) vont réduire le nombre d'hospitalisations d'à peu près 50% ce qui est quand même important, sauf que 50% c'est bien mais ça dépend où on sera à la mi-mai. Si on est très élevés ça ne fera pas le job".
Hugues Garnier Journaliste BFMTV