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Sibeth Ndiaye sur les masques: "À aucun moment on ne m'a demandé de mentir sur la situation"

L'ancienne porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye le 23 septembre 2020 au Sénat.

L'ancienne porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye le 23 septembre 2020 au Sénat. - Martin Bureau

L'ancienne porte-parole est auditionnée ce mercredi matin par la commission d'enquête du Sénat sur la gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement.

"Nous avons dit ce que nous savions." Auditionnée ce mecredi matin à la commission d'enquête du Sénat sur la gestion de la crise sanitaire par l'exécutif, Sibeth Ndiaye a notamment été interrogée sur le mot d'ordre adressé par l'exécutif au sujet des masques au début de l'épidémie, dans un contexte de pénurie.

"Les Français ne pourront pas acheter de masque dans les pharmacies parce que ce n'est pas nécessaire quand on n'est pas malade", déclarait-elle ainsi le 17 mars dernier. Pas question, à l'époque, de le faire porter à l'ensemble de la population comme c'est le cas aujourd'hui: la doctrine était de les réserver aux malades et aux soignants.

"Nous avons établi une doctrine"

- "Dire la vérité sur ce qu'on sait et ce qu'on ne sait pas en temps de crise est primordial et je crois que c'est ce à quoi nous nous sommes attachés collectivement dans l'exécutif...", a d'abord plaidé Sibeth Ndiaye face aux sénateurs.

- "Êtes-vous sûre?", lui demande alors René Paul Savary, sénateur de la Marne et vice-président de la commission.

- "Ah oui j'en suis certaine", lui répond Sibeth Ndiaye.

- "Par rapport aux masques?", lui rétorque le sénateur.

- "Par rapport aux masques bien sûr", affirme deux fois de suite l'ancienne porte-parole.

- "Nous avons dit ce que nous savions, nous avons établi une doctrine d'emploi, nous avons rendu celle-ci transparente qui donnait la priorité au personnel soignant dans les hôpitaux (...) À aucun moment on ne m'a demandé de mentir sur la situation des masques et à aucun moment donné je ne l'ai fait", assure Sibeth Ndiaye.

Suivi des recommandations de l'OMS

La porte-parole du gouvernement s'appuie notamment sur les préconisations de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) qui estimait le 30 mars dernier "qu'il n'y a pas de preuve de l'utilité du masque en population générale".

"L'Académie de médecine ne préconise le masque en population générale qu'à compter du 3 avril. Je peux vous assurer qu'ils ne communiquaient pas en fonction des desideratas du gouvernement", ajoute par ailleurs Sibeth Ndiaye.

Avant la parution de ces recommandations, le message des autorités sanitaires est limpide: les masques ne sont pas destinés au grand public. Il faut dire qu'à l'époque, ces derniers constituent "une denrée rare" selon le directeur général de la Santé Jérôme Salomon le 18 mars dernier, au lendemain du début du confinement.

L'OMS alerte également au début de la pandémie sur l'épuisement des équipements de protection pour les professionnels de santé. Un discours qui évoluera progressivement au fil des semaines et des mois, alors qu'une partie des personnes contaminées développent peu de symptômes voire sont asymptomatiques et que l'accès aux masques est facilité.

À l'heure actuelle, l'OMS estime que "les ‎pouvoirs publics doivent encourager le port du ‎masque en tissu par le grand public" "en cas de transmission communautaire intense ‎et en particulier dans les endroits où la ‎distanciation physique est impossible".

Salomon concède "une expression très maladroite"

Lui-même interrogé au Sénat la semaine passée, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon a concédé pour sa part "une expression très maladroite" au début de l'épidémie.

"Quand je disais qu’il ne fallait pas porter un masque tout seul dans la rue, je vous rappelle qu’à cette époque, début mars, nous avions de fortes tensions sur les masques, nous les livrions en urgence la nuit aux établissements de santé", a-t-il expliqué. Et nous avions des vols et des personnes qu’on voyait avec des FFP2 ou FFP3 dans la rue."

Déjà auditionné à l'Assemblée en juin, Jérôme Salomon avait néanmoins démenti avoir trompé les Français sur l'utilité du masque. "Avant de savoir, on ne sait pas", lançait-il, invoquant lui aussi "l'évolution des connaissances" scientifiques et des recommandations de l'Organisation mondiale de la Santé.

Nul doute que la question de la gestion des masques sera également posée à Olivier Véran. Le ministre de la Santé sera pour sa part auditionné jeudi matin au Sénat.

Hugues Garnier Journaliste BFMTV